La République Démocratique du Congo (RDC) affiche une amélioration de ses indicateurs macroéconomiques, avec un taux d’inflation ramené de 23,8 % à 11,7 % entre 2023 et 2024 et une dépréciation contrôlée du franc congolais à 0,8 % sur la même période. Ces progrès, salués lors de la récente rencontre entre le gouvernement et le Fonds Monétaire International (FMI), masquent toutefois des questionnements sur la résilience de cette trajectoire, dans un contexte marqué par des tensions sécuritaires et des dépendances externes.
L’absence de plans détaillés pour financer les dépenses liées aux conflits dans l’Est du pays interroge. Près de 2,8 millions de déplacés, selon les Nations Unies, et des besoins humanitaires croissants pourraient exercer une pression sur les finances publiques. Le déficit budgétaire, actuellement estimé à 3,1 % du PIB, risque de se creuser sans mécanismes clairs pour concilier urgences sécuritaires et discipline fiscale. Le FMI souligne la nécessité d’une rigueur budgétaire, mais les modalités de son application restent floues.

La stabilisation monétaire et financière dépend largement des cours mondiaux du cuivre et du cobalt, qui représentent plus de 80 % des exportations congolaises. Une baisse de 10 % des prix du cuivre en 2024, liée au ralentissement de la demande chinoise, rappelle la vulnérabilité de l’économie aux chocs externes. Par ailleurs, la dollarisation, qui concerne près de 60 % des dépôts bancaires, limite l’efficacité des politiques monétaires nationales.
L’objectif de sortir de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) d’ici juin 2025 apparaît ambitieux sans réformes concrètes. Le pays doit renforcer la traçabilité des minerais, moderniser les contrôles bancaires et lutter contre les flux financiers illicites, évalués à 15 % du PIB par Global Financial Integrity. Aucun calendrier opérationnel n’a été rendu public, soulevant des doutes sur la crédibilité du calendrier annoncé.
Les dépenses sociales, essentielles dans un pays où 73 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, ne sont pas priorisées. Le budget alloué à la santé et à l’éducation stagne autour de 8 % des dépenses totales, loin des engagements internationaux. Le secteur informel, qui emploie 80 % des travailleurs, reste exclu des programmes de relance, malgré son rôle dans la réduction de la pauvreté.
Enfin, l’accord avec le FMI, bien que présenté comme un gage de stabilité, repose sur des mesures d’austérité contestées dans un contexte de crise humanitaire. La flexibilisation du taux de change et les privatisations envisagées pourraient accentuer les inégalités sans cadre réglementaire renforcé.
Pour transformer ces engagements en résultats durables, les autorités devront publier des données transparentes sur l’avancement des réformes, impliquer la société civile dans le suivi des programmes et intégrer une dimension sociale à leur stratégie. Sans cela, la croissance, projetée à 5,7 % en 2024, restera une statistique éloignée des réalités quotidiennes des Congolais.
M. KOSI