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Agriculture en RDC : vers un plan national d’irrigation pour booster la production

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Une commission technique réunissant 15 spécialistes vient de voir le jour à Kinshasa. Sa mission : finaliser le cadre stratégique de développement de l’irrigation en République démocratique du Congo. Derrière cette initiative, une volonté affichée d’améliorer durablement la performance agricole du pays, trop souvent soumise aux aléas climatiques.

Huit des experts proviennent du ministère de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, les sept autres représentant différents ministères impliqués. Ce noyau dur aura pour tâche d’affiner un document de politique publique portant sur la gestion de l’eau, les systèmes d’information géographique et les impacts socio-environnementaux liés aux infrastructures agricoles. Une série de descentes de terrain dans les zones à fort potentiel irrigable est également au programme, afin de collecter les données utiles à la construction d’un outil opérationnel.

L’irrigation représente un levier essentiel pour transformer l’agriculture congolaise, encore largement dépendante des précipitations. D’après les projections de la FAO, seuls 5 % des terres agricoles en RDC bénéficient actuellement d’un système d’irrigation, alors que le potentiel estimé dépasse les 3 millions d’hectares. Ce décalage freine la sécurité alimentaire et plombe les perspectives d’exportation.

Pour Kingonzi Kambwa, ingénieur en charge de la direction des terres agricoles au ministère de tutelle, les travaux menés durant l’atelier ont permis de poser les fondations d’une stratégie ambitieuse : produire davantage, réduire les importations alimentaires, et stimuler les échanges agricoles régionaux. « Nous avons défini des priorités claires qui doivent repositionner la RDC comme grenier de l’Afrique centrale« , a-t-il affirmé, insistant sur l’importance d’un engagement multisectoriel.

La présence de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) tout au long du processus apporte une expertise et une légitimité précieuses. Selon Oumar Ndiaye, consultant sous-régional, la FAO restera engagée jusqu’à l’aboutissement complet du document stratégique, puis lors de la mobilisation des financements nécessaires à sa mise en œuvre. « Nous allons travailler avec les autorités congolaises pour évaluer les besoins en investissement et bâtir un plan de financement adapté« , a-t-il précisé. Parmi les bailleurs attendus : la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou encore le FIDA, déjà présents sur d’autres programmes agricoles dans la sous-région.

Une fois la stratégie validée, l’étape suivante consistera à vulgariser le document et à lancer des projets pilotes dans les provinces ciblées. Ces expérimentations permettront d’évaluer concrètement l’efficacité des méthodes d’irrigation proposées, d’en ajuster les modalités, et de convaincre les exploitants locaux de leur intérêt à long terme.

Le calendrier reste serré : le gouvernement souhaite acter la version définitive du plan d’ici la fin de l’année. Il s’agira ensuite de passer à la phase de déploiement progressif sur les territoires agricoles prioritaires, en commençant par les zones périurbaines de Kinshasa, du Kasaï central et du Haut-Katanga.

Derrière cette initiative technique se dessine une ambition politique claire : faire de l’agriculture un secteur de souveraineté et de croissance pour la RDC. Reste à voir si les engagements institutionnels et les moyens budgétaires suivront.

M. KOSI

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