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Avec 1,86 million de tonnes importées et une production domestique de 690 000 tonnes, la hausse tarifaire fait bondir la prime à 617 $/tonne.

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Les récentes décisions tarifaires aux États-Unis bouleversent les circuits commerciaux de l’aluminium de façon inattendue. Dès début février, l’administration a instauré des droits de 25 % sur les importations en provenance du Canada et du Mexique, assortis d’un supplément de 10 % pour certains produits chinois. Cette initiative a rapidement fait grimper la prime du Midwest à 617 $/tonne, signalant une réaction vive de la part du marché.

Face à cette évolution, les flux traditionnels se voient redéfinis. Alors que la production intérieure américaine reste limitée – avec seulement quatre fonderies actives et une production primaire avoisinant les 690 000 tonnes en 2024 – le pays dépend fortement des importations, notamment en provenance du Canada qui fournit près de 1,55 million de tonnes sur un total de 1,86 million. Les tarifs appliqués tendent à réorienter l’aluminium canadien vers d’autres destinations, notamment l’Europe, où des commerçants ont déjà constaté une arrivée accrue de ces produits, accompagnée d’une baisse progressive de la prime à Rotterdam.

Les acheteurs américains se trouvent désormais contraints de rechercher des alternatives en provenance du Moyen-Orient et d’Inde. Toutefois, ces régions, malgré leur contribution de 37 % de la production hors Chine en 2024, peinent à compenser la dépendance historique vis-à-vis du Canada. Cette situation pourrait imposer une hausse des prix pour attirer les approvisionnements, impactant en cascade les coûts supportés par les consommateurs finaux.

Parallèlement, la réaction rapide du Canada, qui a annoncé un tarif de 25 % sur 30 milliards de dollars d’importations en provenance des États-Unis, illustre la volonté des partenaires commerciaux de protéger leurs circuits. Un accord de report de 30 jours a été trouvé pour certains droits, mais la mesure sur les produits chinois est restée effective. Ce contexte complexe redessine les échanges internationaux et laisse entrevoir la possibilité d’un conflit commercial élargi, susceptible de perturber davantage les chaînes d’approvisionnement dans divers secteurs.

La tension sur le marché de l’aluminium s’inscrit dans une série de réajustements commerciaux susceptibles d’affecter plusieurs secteurs industriels, entraînant une pression sur les prix et sur les stratégies d’approvisionnement. L’ensemble de ces modifications pourrait perdurer au fil des prochains mois, alors que chaque acteur s’adapte à cette nouvelle configuration tarifaire.

— M. KOSI

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