Le cacao et le café, deux cultures longtemps considérées comme des piliers de l’agriculture en République démocratique du Congo, traversent une période difficile. Leur potentiel économique, pourtant reconnu, est aujourd’hui sous-exploité, laissant planer des incertitudes sur l’avenir de ces filières.
En 2022, les exportations de cacao se sont élevées à 32 505 tonnes, générant environ 50 millions de dollars. Ce chiffre représente une chute significative par rapport à l’année précédente, où la production atteignait près de 58 238 tonnes. Le café, autrefois emblématique de l’agriculture congolaise, a également vu ses volumes baisser à 10 729 tonnes en 2022, marquant une décrue de 23 %. Cette tendance contraste fortement avec les années fastes des décennies passées, notamment les années 1970, où la production annuelle dépassait les 120 000 tonnes.

Cette régression met en lumière des problèmes structurels persistants. Les agriculteurs, souvent dépourvus de moyens modernes, peinent à maintenir un rendement optimal. L’absence d’infrastructures adaptées complique le transport et le stockage des récoltes, augmentant ainsi les pertes. De plus, les labels de certification comme « Fairtrade » et « BIO », garants de l’accès aux marchés internationaux, ne sont plus au rendez-vous. Leur perte fragilise la compétitivité des produits congolais, rendant les exportations plus incertaines et moins rentables.
L’impact de cette situation se répercute sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Les agriculteurs, premiers touchés, voient leurs revenus diminuer, ce qui aggrave la précarité dans les régions rurales. Les exportations illicites de cacao, estimées à 60 millions de dollars de pertes annuelles pour le trésor public, viennent aggraver le tableau. Cette fuite de ressources privée l’état des moyens nécessaires pour soutenir le secteur.
Pourtant, tout n’est pas perdu. Le potentiel de relance existe, à condition de réorienter les priorités. L’amélioration des pratiques agricoles, couplée à des programmes de formation ciblés, pourrait donner un nouvel élan aux cultures de cacao et de café. Des infrastructures adaptées et des investissements dans les certifications permettraient de répondre aux exigences des marchés internationaux. Enfin, une meilleure organisation des producteurs, avec un accès accru aux crédits agricoles, renforcerait leur résilience face aux fluctuations du marché.
La RDC a tout à gagner à raviver ces filères stratégiques. Réhabiliter le cacao et le café comme moteurs économiques pourrait non seulement générer des revenus substantiels, mais également redynamiser les communautés rurales et restaurer une partie de l’éclat agricole du pays.
— Peter MOYI