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Le Café mondial : 100 milliards de dollars, 500 milliards de tasses, et 1 continent à la traîne

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Par Felly Ntello, Expert en Économie, LePoint.cd

Le café, ce nectar noir qui court dans les veines du commerce mondial, se hisse au rang de deuxième produit le plus échangé sur la planète, tout juste derrière l’incontournable pétrole. Il est bien plus qu’une simple boisson, c’est un véritable moteur économique pour nombre de nations. En effet, après l’eau, le café se hisse au sommet du podium des breuvages les plus consommés à l’échelle mondiale.

Selon les données émanant de l’Organisation Internationale du Café (OIC), ce secteur emploie directement près de 125 millions d’individus à travers le globe. Le marché international du café se chiffre à plus de 100 milliards de dollars américains, avec une consommation annuelle frôlant les 500 milliards de tasses. À cet égard, c’est l’Europe qui conserve sa position de leader incontesté, avec un volume s’élevant à 3,3 millions de tonnes de grains de café en 2022. Elle est talonnée par l’Asie, l’Amérique du Nord, et enfin l’Afrique, qui occupe la dernière marche de ce podium, avec un maigre contingent de 800 000 tonnes de café englouties l’année précédente, principalement dans des nations telles que l’Éthiopie, l’Algérie, l’Égypte, le Maroc, l’Afrique du Sud et la Tunisie.

La culture du café est une activité florissante dans plus de 50 pays, où environ 100 millions de petits producteurs s’adonnent à cette tâche. Les géants de la production se situent en Amérique latine (notamment le Brésil et la Colombie), en Asie, avec le Vietnam en fer de lance, et enfin en Afrique. Cette dernière région s’est hissée à la cinquième place en termes de production mondiale, affichant une part d’environ 14 % au cours de la dernière année. Un récent rapport publié par l’OIC prévoit même une augmentation de 1,4 % de la production en Afrique pour l’année 2023.

L’Afrique, véritable berceau du café, se distingue par la pléthore de pays producteurs qu’elle abrite, ainsi que par la qualité exceptionnelle de ses précieuses récoltes. L’arabica et le robusta dominent la scène caféière mondiale, le premier étant réputé pour sa douceur et ses arômes subtiles, représentant environ 60 % de la production totale, tandis que le robusta, plus corsé et amer, vient compléter ce tableau. L’Éthiopie, produisant environ quatre millions de sacs de grains de café en 2022, se taille la part du lion en tant que premier exportateur africain, détenant un monopole de 3 % de l’approvisionnement global en grains de café. L’Ouganda, quant à lui, s’illustre en se classant juste derrière, avec des ventes annuelles avoisinant les 595 millions de dollars. Ces deux nations se partagent à elles seules environ 62 % de la production totale du continent, tandis que d’autres pays, tels que le Burundi, le Kenya, le Rwanda, et la République démocratique du Congo, ont su tirer leur épingle du jeu en établissant des marchés d’exportation prospères.

Pour l’Afrique, le café revêt une importance économique considérable, offrant une source de revenus cruciale pour pas moins de 60 millions d’individus. En 2022, l’OIC a établi qu’environ 80 % de la main-d’œuvre engagée dans la production de café était constituée de femmes. Malgré les bouleversements climatiques qui ont commencé à affecter l’industrie caféière, le continent africain maintient une dynamique de croissance dans le secteur. La professeure adjointe en économie, Samar Al-Bagouri, rattachée à la faculté des études supérieures africaines de l’Université du Caire, nous livre son analyse : « Malheureusement, bien que l’Afrique soit le berceau du café et occupe la deuxième place mondiale en matière de production, elle exporte les deux tiers de sa récolte sous forme de matières premières, tout en important environ un tiers de café sous forme de produits transformés, tels que le café soluble et le café moulu. » D’après les données de l’Organisation interafricaine du café, les producteurs africains ne récoltent que moins de 5 % de la valeur totale des ventes mondiales. Les coûts de transport, qui pèsent lourdement sur le processus d’exportation, sont cités comme l’un des principaux obstacles à une meilleure valorisation de ces précieuses récoltes.

Si le Togo ne brille pas par son volume de production de café, la qualité de son précieux breuvage n’en est pas moins remarquable sur la scène internationale. En 2022, le pays a vendu 3 200 tonnes de café, enregistrant ainsi une impressionnante augmentation de 60 % par rapport aux 2 000 tonnes vendues en 2021. Le Togo détient également une position de prestige depuis la cinquième conférence mondiale du café, qui s’est récemment tenue en Inde, où le pays a pris les rênes de l’Organisation Internationale du Café. Ce choix s’est porté sur Enselme Gouthon, un Togolais dont l’expertise dans l’industrie caféière s’étend sur quatre décennies couronnées de succès. M. Gouthon a été élu président de l’OIC, l’organisme de référence rassemblant les principaux producteurs de café et la majeure partie des pays consommateurs de café à l’échelle mondiale. L’OIC joue un rôle crucial en tant qu’organisation intergouvernementale, traitant des questions relatives au café. Ses membres représentent pas moins de 98 % de la production et plus de 67 % de la consommation mondiales de café.

Le week-end dernier, la troisième édition de la Journée internationale du Café a été célébrée à Lomé, au Togo. Cet événement a été présidé par la ministre en charge du commerce et de la consommation locale,

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