Dans la province du Kwango, les routes de desserte agricole se transforment en pièges naturels, menaçant la survie économique des populations rurales. Symphorien Kwengo, président du Conseil provincial des paysans, décrit un paysage où les axes routiers, autrefois voies de vie pour les communautés agricoles, ne sont aujourd’hui que bourbiers et obstacles.
Les paysans, déjà fragilisés par des conditions de vie précaires, se retrouvent coupés des marchés. Leurs récoltes, pourtant abondantes, pourrissent faute de pouvoir atteindre les centres urbains où elles pourraient être vendues. Ce cercle vicieux, alimenté par le délabrement des infrastructures, continue d’aggraver la pauvreté. « Ces routes ne sont plus des chemins, mais des barrières », confie un habitant.
Parmi les axes les plus critiques, les voies reliant Lonzo à Tembo, Kenge à Mukoso, et plusieurs autres traversant des villages isolés, sont devenues impraticables. Les nids de poule se mêlent aux érosions, et les flaques d’eau s’étendent comme des lacs, rendant les trajets interminables et périlleux. Ces défis quotidiens pèsent lourdement sur le moral des populations locales.
Symphorien Kwengo pointe du doigt une responsabilité partagée. Selon lui, l’absence de politiques cohérentes en matière d’infrastructures routières depuis l’indépendance du pays a laissé des provinces comme le Kwango à la merci de l’oubli. Il estime que seule une action coordonnée des autorités nationales pourrait redonner un souffle à cette région. Dans un appel adressé au Président de la République et à la Première ministre, il plaide pour l’asphaltage des routes stratégiques. « Sans routes, il n’y a pas d’économie. Et sans économie, il n’y a pas d’espoir », martèle-t-il.
Cette réalité amère reflète le paradoxe d’une région riche en potentiel agricole, mais appauvrie par l’isolement. Le Kwango pourrait devenir un pilier de l’économie nationale si ses produits agricoles avaient accès aux marchés. Pour cela, les routes doivent cesser d’être un cauchemar logistique.
Les habitants, malgré tout, ne perdent pas complètement espoir. Certains se tournent vers des solutions communautaires, improvisant des systèmes de transport rudimentaires pour contourner les obstacles. Mais ces initiatives locales ne suffisent pas à remplacer des infrastructures modernes et efficaces.
L’avenir du Kwango passe inévitablement par une transformation radicale de ses routes. Une prise de conscience collective est nécessaire pour sortir cette région de son enclavement. Les paysans, premiers témoins de cette réalité, attendent des actes concrets, car chaque jour d’inaction amplifie le fardeau.
— M. MATUVOVANGA