Le sous-sol angolais repose sur le craton du Congo, comme la RDC. Marbres, ceintures de roches vertes, veines de quartz aurifères, pegmatites à métaux de batteries et champs de kimberlites structurent un potentiel minier réel. La différence se joue à la profondeur : en RDC, les unités minéralisées affleurent ; en Angola, elles restent sous couverture sédimentaire, ce qui requiert des méthodes d’exploration plus capitalistiques.
Le cadre géologique est établi : un socle archéen formé il y a 3,0–2,7 milliards d’années, composé de gneiss et granites, surmonté de séquences sédimentaires métamorphisées (marbres, schistes) et de ceintures vertes où l’or circule dans des veines de quartz. À l’Archéen–Paléoprotérozoïque (3,0–2,0 Ga), ces veines piégent l’or. Au Mésoprotérozoïque (1,3–1,0 Ga), l’élévation du flux thermique injecte granites et pegmatites porteuses de coltan, étain, tungstène. Au Crétacé inférieur, des intrusions kimberlitiques amènent les diamants. Puis le Néoprotérozoïque (650–500 Ma) dépose des séries marines et fluviatiles : Chela et Leba en Angola (équivalents de l’Otavi namibien) ; en RDC, le Roan katangien concentre cuivre, cobalt et uranium au sein de dolomies, calcaires et schistes.
Sur la carte, le craton affleure de part et d’autre : Ituri en RDC a ses miroirs en Uíge, Namibe, Lubango et Bié ; des fenêtres structurales angolaises existent à Cassinga, Cassala-Quitungo et dans le Maiombe. L’économie minière diverge car la RDC bénéficie d’un rabotage érosif ancien lié au fleuve Congo, qui met à nu les niveaux minéralisés. En Angola, la couverture continentale (Karoo, Kalahari) masque les cibles. Résultat : un coût d’accès au minerai plus faible côté congolais et, côté angolais, la nécessité d’aligner géophysique et forages pour franchir plusieurs centaines de mètres de sédiments.
Du gisement au portefeuille : capex d’exploration et retour macro
Pour révéler ce potentiel, la séquence technique est claire : gravimétrie et magnétisme aéroportés pour cartographier contacts et intrusions ; sismique pour imager l’architecture et le toit du socle ; forages carottés pour quantifier teneur, épaisseur et continuité. Cette approche réduit l’incertitude géologique, concentre les capitaux sur les anomalies robustes et abaisse le coût unitaire de découverte. Côté sites, la priorité va aux corridors d’affleurement (Cassinga, Cassala-Quitungo, Maiombe) et aux fractures régionales qui ont drainé les fluides minéralisateurs.
L’impact économique suit : transformation locale partielle (concassage, flottation, tri par capteurs) pour accroître la valeur ajoutée, contrats de services pour capter des marges domestiques, montée en gamme progressive vers la métallurgie lorsque l’énergie et l’eau le permettent. À l’échelle macro, des exportations mieux diversifiées renforcent les recettes en devises, soutiennent la balance des paiements et stabilisent la liquidité sur le marché des changes, limitant les pressions sur le taux de change. Le calibrage fiscal (redevances, IS, amortissements accélérés sur l’exploration) doit sécuriser les recettes publiques tout en préservant l’attractivité du capital face à la profondeur des cibles.
La règle opérationnelle tient en une phrase : si un métal est présent en RDC sur le craton du Congo, la probabilité de le retrouver en Angola est élevée ; la variable critique, c’est la profondeur. Avec une géophysique moderne et un pipeline de projets discipliné, l’Angola peut convertir un stock géologique enfoui en ressources mesurées, puis en production, exportations et emplois.
— Peter MOYI






