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Partenariat stratégique envisagé : Washington pourrait accéder aux vastes réserves de coltan de la RDC, essentielles pour les technologies avancées

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En janvier 2025, une attaque perpétrée par les rebelles du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a coûté la vie à treize soldats étrangers, dont trois Casques bleus. Parmi eux, deux Sud-Africains et un Uruguayen de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco) ont été tués, selon les déclarations de leurs armées respectives.

Le M23, soutenu par le Rwanda, a intensifié ses offensives, provoquant le déplacement de plus de 3 millions de personnes et causant la mort de plus de 3 000 individus. Les rebelles ont pris le contrôle de vastes territoires, y compris les capitales provinciales de Goma et Bukavu, rendant la situation extrêmement volatile.

Officiellement, le M23 affirme protéger les minorités tutsies, mais ses ambitions s’étendent jusqu’à Kinshasa. Le président rwandais, Paul Kagame, tout en niant l’implication directe de ses forces, a exprimé son soutien au M23 et minimisé les accusations de pillage des ressources minières, qualifiées de « problème imaginaire« .

La ville de Rubaya, située dans le Nord-Kivu, abrite l’une des plus grandes mines de coltan au monde, essentielle pour les industries électroniques et militaires. Selon les estimations des Nations unies, la production de coltan sous contrôle du M23 atteint environ 120 tonnes par mois. Avec un prix de 228 000 $ par tonne, le groupe génère environ 800 000 $ mensuellement en taxes. Les minerais extraits sont souvent mélangés avec ceux du Rwanda avant exportation, ce qui compromet la transparence des chaînes d’approvisionnement et affecte les mineurs artisanaux locaux ainsi que l’Entreprise Générale du Cobalt (EGC), chargée de réguler le commerce du coltan.

Face à cette crise, Kinshasa envisage un partenariat stratégique avec Washington pour mettre fin au conflit. Une proposition a été adressée au président Donald Trump, offrant aux États-Unis un accès préférentiel aux minerais stratégiques de la RDC, tels que le coltan, le cobalt, le cuivre, l’or, le tungstène, le tantale et l’étain, en échange d’une assistance sécuritaire.

Cette initiative fait suite à l’échec d’un accord similaire entre les États-Unis et l’Ukraine, mettant en évidence l’importance pour Washington de diversifier ses sources d’approvisionnement en minerais critiques. Un partenariat avec la RDC pourrait renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement américaines et soutenir le développement industriel régional, notamment via le corridor d’exportation de Lobito vers l’Atlantique.

Des négociations sont prévues la semaine prochaine entre les deux nations. Cet accord potentiel permettrait aux États-Unis d’accéder directement aux ressources minières de la RDC, tout en établissant un stock stratégique de minerais destiné à l’industrie américaine, y compris le secteur de la défense. Parallèlement, des discussions sur une coopération avec le secteur privé se poursuivent.

Un tel accord s’inscrit dans la stratégie de l’administration Trump visant à renforcer la production et le traitement des minerais non énergétiques, conformément à l’Executive Order « Unleashing American Energy » signé dès son entrée en fonction. La RDC, de son côté, cherche à valoriser localement ses ressources. En 2022, le gouvernement congolais a investi 3,5 millions de dollars dans la start-up Buenassa pour une étude de faisabilité concernant la construction d’une raffinerie hydrométallurgique de cuivre et de cobalt, avec une production prévue de 120 000 tonnes de cathodes de cuivre de grade LME et 20 000 tonnes de sulfate de cobalt de qualité batterie d’ici 2028.

Sur le plan géopolitique, la Chine a investi près de 22 milliards de dollars en Afrique en 2023, dont près de la moitié dans les minerais critiques, tandis que les États-Unis n’ont investi que 7,4 milliards de dollars, avec moins de 300 millions dédiés aux minerais stratégiques. Un partenariat renforcé avec la RDC offrirait aux États-Unis une opportunité unique de rééquilibrer cette situation, en stimulant la production locale à travers des partenariats public-privé et en assurant un modèle économique bénéfique pour les deux nations.

Kinshasa sollicite des garanties de sécurité américaines, ainsi qu’une formation et un équipement pour ses forces armées, afin de mettre fin au conflit. Des sanctions économiques ciblées contre le Rwanda, allié des États-Unis, sont également envisagées. Bien que le président Kagame minimise l’impact de telles sanctions, leur application ciblée pourrait s’avérer efficace. L’Union européenne envisage également des sanctions contre des individus et entités rwandaises, et des pressions s’accroissent pour suspendre le protocole d’accord avec le Rwanda sur l’achat de minerais.

Conclure un accord avec la RDC permettrait aux États-Unis de bénéficier d’avantages économiques immédiats et d’accroître leur influence géopolitique. Cela renforcerait également l’approche transactionnelle du président Trump en politique internationale, offrant une opportunité de promouvoir la paix tout en soutenant l’industrie stratégique américaine pour les années à venir.

– Guy Kioni

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