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RDC : inquiétudes croissantes sur l’exploitation illégale du bois et ses répercussions économiques

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La République Démocratique du Congo (RDC) est de nouveau confrontée à une situation préoccupante liée à l’exploitation et l’exportation illégale du bois vers les pays voisins. Le Groupement Technique de Coordination des Réductions des Emissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts (GTCRR) a récemment dénoncé, lors d’une réunion à Bunia, la persistance du commerce frauduleux de bois provenant des forêts de Mambasa, Irumu et Aru, exporté clandestinement vers l’Ouganda.

D’après les informations recueillies, cette exploitation non réglementée prive la RDC d’importantes recettes fiscales, contribuant ainsi à une perte estimée à plusieurs millions de dollars chaque année. Pendant ce temps, l’Ouganda, principal bénéficiaire de ce commerce illicite, profite de cette situation en exportant ce bois sur le marché international et en accumulant des avantages en termes de crédits carbone.

« L’Ouganda se positionne comme un exportateur officiel, alors que la matière première est extraite illégalement chez nous, » a affirmé Dieudonné Losa, Coordonnateur du GTCRR. « C’est exactement la même chose que ce que nous observons avec nos ressources minières. Ce sont les pays voisins qui se retrouvent avec les bénéfices, pendant que nous, producteurs, restons les mains vides », a-t-il ajouté, illustrant le parallèle entre le bois et les minerais déclarés « minerais de conflit » sur le marché mondial.

Un impact sur les recettes fiscales et le développement local

exploitation illégale du bois

Les forêts de la RDC, qui couvrent environ 68% du territoire national, constituent une richesse inestimable pour le pays. Cependant, les gains provenant de leur exploitation ne profitent pas aux populations locales, en raison du manque de régulation et de suivi de la chaîne d’approvisionnement. Selon les experts, la mise en place d’un mécanisme de traçabilité stricte pourrait générer jusqu’à 30% de recettes fiscales supplémentaires, contribuant ainsi à l’essor économique des provinces concernées.

L’absence de structure formelle, telle qu’un parc à bois en Ituri, représente un frein majeur à la gestion durable de cette ressource. La construction de ce parc, annoncée par le Directeur général du Fonds Forestier National (FFN), s’inscrit dans une volonté de renforcer la transparence et la traçabilité du bois exporté. Le projet, actuellement en phase pilote, vise également le reboisement de certaines zones affectées, contribuant ainsi à la préservation de l’écosystème tout en créant des opportunités économiques locales.

Des pertes économiques et environnementales

Les pertes financières subies par la RDC à cause de cette exploitation illégale sont non seulement significatives, mais elles ont également un impact direct sur l’environnement. La déforestation incontrôlée menace la biodiversité et accélère la dégradation des sols, limitant les capacités agricoles des régions concernées. De plus, la déforestation contribue à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, compromettant ainsi les efforts internationaux de lutte contre le changement climatique.

Malgré les initiatives en cours pour freiner cette pratique, le manque de moyens logistiques et financiers demeure un obstacle de taille. Les autorités locales plaident pour une coopération renforcée entre les pays de la région afin de mettre un terme à ce commerce illicite qui mine le développement économique du pays.

La mise en place de partenariats public-privé et d’une législation stricte pour réguler ce secteur apparaît aujourd’hui comme une nécessité pour protéger les ressources naturelles de la RDC tout en stimulant sa croissance économique.

Peter MOYI

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