Sur la scène internationale, l’environnement économique reste marqué par de fortes tensions géopolitiques et une grande incertitude financière. Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment alerté sur une montée des risques pour la stabilité financière mondiale, alimentée par le durcissement des conditions financières et de nouvelles tensions commerciales. Les marchés mondiaux demeurent volatils face à ces incertitudes, ce qui pourrait fragiliser la croissance mondiale attendue en 2025. Dans son rapport semestriel, le FMI souligne notamment que la hausse des taux d’intérêt a rendu l’accès au crédit plus difficile, et que les pays émergents risquent des sorties de capitaux en raison de la dépréciation de leurs devises et d’un affaiblissement de leurs perspectives de croissance (.
Face à ces défis, les institutions internationales préconisent la prudence et le renforcement des défenses économiques. Les autorités sont encouragées à renforcer la résilience financière, en veillant à ce que les banques disposent de suffisamment de capital et de liquidités pour absorber d’éventuels chocs. Pour les pays en développement, il est conseillé d’approfondir les marchés financiers locaux afin de mieux gérer les risques et de constituer des réserves de change adéquates, ainsi qu’une marge de manœuvre budgétaire suffisante, pour pouvoir faire face aux bouleversements géopolitiques. De plus, le FMI suggère d’adopter des stratégies proactives pour sécuriser le financement des dépenses de développement et d’intensifier la coopération internationale – des mesures jugées essentielles afin de préserver une croissance durable et inclusive malgré le contexte mondial difficile.
Croissance intérieure : une économie robuste portée par les mines

En dépit de ce climat mondial incertain, l’économie de la RDC fait preuve de résilience. D’après les dernières données de la Banque centrale du Congo (BCC), le Produit intérieur brut (PIB) réel de la RDC a progressé d’environ 6,7 % en 2024, affichant certes un léger ralentissement après les 8,6 % de 2023 mais confirmant une croissance solide. Cette performance reste largement tirée par le secteur extractif : la production minière a bondi de +12,5 % en 2024 (après +18,2 % en 2023), soulignant le rôle stratégique de l’industrie minière dans l’économie nationale. Les exportations de cuivre et de cobalt – métaux dont le pays est un acteur majeur – ont particulièrement contribué à cette dynamique.
Le secteur non-extractif a quant à lui connu une croissance plus modeste mais stable de +3,1 % en 2024 (contre +3,5 % en 2023). Parmi ces activités hors mines, les plus dynamiques sont restées les transports et télécommunications (+6,4 % sur l’année), suivis de l’industrie manufacturière (+2,7 %) et du commerce (+2,8 %). Le boom des télécommunications est notamment porté par la forte progression de la téléphonie mobile et de l’Internet : la sous-branche des télécoms a enregistré près de +9,9 % de croissance en 2024, stimulée par l’essor de la consommation de données internet et des paiements mobiles, dans un contexte de nombreuses offres promotionnelles dans ce secteur. Du côté industriel, le maintien de l’activité manufacturière s’explique en partie par le développement de la filière agroalimentaire (industries des aliments, boissons et tabac), soutenu par des initiatives comme la mise en place de la zone économique spéciale de Maluku près de Kinshasa.
Malgré ces résultats encourageants, les autorités demeurent conscientes des défis persistants. La poursuite des conflits armés dans l’est du pays continue de peser sur le climat des affaires et menace certaines activités locales. Néanmoins, le moral des entrepreneurs congolais reste globalement optimiste, signe que la confiance perdure grâce à la stabilité relative retrouvée sur les principaux marchés intérieurs. Globalement, la coordination efficace des politiques budgétaire et monétaire a contribué à contenir les déséquilibres macroéconomiques et à soutenir la croissance, même dans un environnement sécuritaire difficile.
Évolution des prix : une inflation maîtrisée, dominée par les produits alimentaires
L’inflation en République démocratique du Congo montre des signes d’accalmie au début de 2025. Au cours de la semaine du 11 au 18 avril, le rythme de hausse des prix intérieurs a légèrement ralenti par rapport à la semaine précédente. Le taux d’inflation hebdomadaire s’est établi à 0,13 %, en diminution par rapport aux 0,16 % enregistrés la semaine d’avant. Cette modération, bien que faible, reflète une certaine stabilité des prix sur les marchés congolais en ce début du deuxième trimestre.
En cumul depuis le début de l’année, l’inflation s’est établie à 2,82 % à la mi-avril, un niveau nettement inférieur aux 4,22 % observés à la même période en 2024. Cela indique que la hausse des prix ralentit comparativement à l’an dernier, grâce sans doute aux mesures monétaires prudentes de la BCC et à une meilleure offre de produits de base sur les marchés locaux. Toutefois, en glissement annuel (c’est-à-dire par rapport à avril 2024), l’inflation demeure d’environ 10,18 %, ce qui dépasse la projection de 8,1 % fixée pour la fin de l’année 2025. Autrement dit, malgré l’amélioration récente, la hausse des prix sur un an reste élevée, traduisant l’augmentation qu’ont connue certains biens au cours des mois précédents.
L’analyse par catégorie de dépenses montre que ce sont les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées qui pèsent le plus lourd dans l’inflation actuelle. Durant la semaine étudiée, cette composante a représenté environ 61 % de la contribution à l’indice global des prix, loin devant la deuxième composante la plus importante, à savoir le groupe logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles (environ 16 % de la contribution). En d’autres termes, la cherté de la vie en RDC demeure principalement tirée par le coût de la nourriture, ce qui affecte particulièrement les ménages modestes pour qui l’alimentation représente une part majeure des dépenses. Cette situation incite le gouvernement et la banque centrale à maintenir des politiques prudentes pour protéger le pouvoir d’achat, d’autant que l’inflation annuelle reste supérieure à l’objectif envisagé. À noter qu’en 2024, grâce à la stabilité retrouvée du franc congolais et aux mesures de resserrement monétaire et budgétaire, l’inflation avait nettement décéléré, passant d’environ 23,75 % en début 2023 à 11,69 % en fin 2024 – une tendance encourageante que les autorités entendent bien prolonger en 2025.
Finances publiques : recettes en hausse et dépenses sous tension
Sur le plan des finances publiques, les résultats du premier trimestre 2025 présentent un tableau contrasté. D’un côté, les recettes de l’État ont dépassé les attentes grâce à des performances de collecte remarquables ; de l’autre, les dépenses ont également été plus élevées que prévu, creusant le déficit budgétaire. Selon la note de conjoncture de la BCC, 5 723,3 milliards de CDF (francs congolais) de recettes publiques – y compris les dons – ont été mobilisés au cours du 1er trimestre 2025, soit 109,1 % des prévisions budgétaires pour cette période. Autrement dit, les régies financières (DGI, DGDA, DGRAD) ont collecté environ 9 % de plus que ce qui était initialement programmé, témoignant d’une amélioration de l’assiette fiscale et du recouvrement. Le gouvernement compte d’ailleurs accroître encore les recettes en avril, profitant de l’échéance fiscale du paiement du solde de l’impôt sur les bénéfices et profits pour l’exercice 2024.
Dans le même temps, les dépenses publiques ont largement excédé les projections. Sur une prévision trimestrielle de 5 969,2 milliards de CDF, les dépenses effectivement exécutées ont atteint 7 470,8 milliards de CDF, soit un taux d’exécution de 125,2 % par rapport au budget prévu. Ce surcroît de dépenses s’explique en partie par des dépenses imprévues ou incompressibles plus élevées, notamment pour le fonctionnement des institutions et les salaires. Il en résulte qu’au premier trimestre, l’exécution du plan de trésorerie de l’État s’est soldée par un déficit de 1 747,8 milliards de CDF, bien supérieur au déficit de 724,5 milliards initialement programmé. Ce gap budgétaire a été financé principalement par le recours aux titres publics, c’est-à-dire l’émission de bons du Trésor et d’obligations d’État.
En ce qui concerne la situation hebdomadaire au 18 avril, la BCC note une relative amélioration de la trésorerie de l’État. Au 17 avril, la balance des opérations financières de l’État affichait un léger excédent de trésorerie de 75,5 milliards de CDF. Sur la semaine du 11 au 18 avril, les recettes encaissées ont totalisé 1 568,2 milliards de CDF, dont 1 171,7 milliards proviennent des trois régies financières (impôts, douanes, et recettes administratives). Plus précisément, les impôts intérieurs collectés par la Direction Générale des Impôts (DGI) ont rapporté 578,2 milliards de CDF sur la semaine, tandis que les droits de douane et accises perçus par la DGDA ont atteint 342,1 milliards. Les recettes parafiscales (taxes administratives, domaines, etc., gérées par la DGRAD) se sont élevées à 251,4 milliards de CDF. Du côté des dépenses sur la même semaine, l’État a engagé 1 492,7 milliards de CDF en paiements, concentrés essentiellement sur trois postes principaux : le fonctionnement des institutions et ministères (526,1 milliards), la rémunération des agents et fonctionnaires (366,4 milliards) et les subventions et rétrocessions aux régies financières (14,2 milliards). Ces chiffres illustrent la priorité donnée aux dépenses de fonctionnement courant et de personnel, qui absorbent la grande partie des ressources publiques chaque semaine.
Enfin, concernant la dette intérieure sous forme de titres publics, la note de la BCC révèle que le gouvernement a rencontré des difficultés à mobiliser entièrement les montants recherchés lors des récentes émissions obligataires. Par exemple, lors de l’adjudication du 8 avril 2025, sur une offre de 70 milliards de CDF d’obligations du Trésor indexées (d’une maturité d’un an et demi au taux de 10 %), seulement 7,5 milliards ont été souscrits par les investisseurs, soit à peine 10,8 % du montant souhaité. En revanche, une émission simultanée d’obligations du Trésor en dollars américains (même maturité, taux 9 %) a permis de lever 36,1 millions USD sur les 50 millions proposés, atteignant un taux de souscription plus satisfaisant d’environ 72 %. Ce contraste montre que les souscripteurs ont été plus frileux envers les titres en francs congolais, peut-être en raison des anticipations d’inflation et de change, tandis que les obligations libellées en dollars ont suscité davantage de confiance. Quoi qu’il en soit, l’encours global des titres publics émis en 2025 s’élevait, au 18 avril, à 5 113,6 milliards de CDF (cumul depuis le début de l’année). Le gouvernement devra sans doute ajuster sa stratégie d’emprunt intérieur ou ses dépenses si la demande pour ses bons du Trésor demeure limitée, afin de continuer à financer le déficit sans déstabiliser les équilibres macroéconomiques.
Secteur extérieur : franc congolais stable, réserves en hausse, exportations soutenues

Le secteur extérieur de la RDC au 18 avril 2025 présente des signaux globalement positifs. Le franc congolais s’est montré stable sur le marché des changes, reflet de la confiance relative des acteurs économiques dans la monnaie nationale. Sur le marché interbancaire officiel, le taux de change s’établit à 2 856,01 CDF pour 1 USD, marquant une très légère appréciation hebdomadaire de 0,1 % par rapport à la semaine précédente. Parallèlement, sur le marché parallèle (informel), le dollar s’échange autour de 2 871,57 CDF, un niveau inchangé sur la semaine. Depuis le début de l’année, la monnaie nationale n’a que peu varié : on note une dépréciation cumulée de seulement 0,4 % sur le marché officiel (dite marché indicatif) et de 0,2 % sur le marché parallèle. Cette quasi-stabilité du taux de change s’explique par la politique monétaire prudente de la BCC et par les entrées de devises liées aux exportations minières toujours dynamiques. Elle contribue en retour à limiter les pressions inflationnistes importées.
Autre indicateur important, les réserves internationales de change de la RDC se sont renforcées. Au 16 avril 2025, la Banque centrale disposait de 6 640,58 millions de dollars US de réserves, de quoi couvrir environ 2,5 mois d’importations de biens et services. Ce niveau de réserve, en amélioration par rapport aux mois précédents, offre une marge de sécurité confortable pour le pays. Il permet de faire face aux chocs externes éventuels et d’intervenir si nécessaire pour soutenir le franc congolais. La hausse des réserves s’explique notamment par les recettes d’exportation élevées du secteur minier et par les appuis financiers internationaux reçus dans le cadre des programmes avec le FMI.
La balance commerciale de la RDC bénéficie directement de la vigueur des exportations minières et de la modération des importations. Sur les deux premiers mois de 2025, le solde commercial des biens était largement excédentaire – une tendance qui semble se poursuivre au-delà, soutenue par des cours internationaux favorables pour les principaux produits d’exportation du pays. En effet, la plupart des matières premières qui intéressent l’économie congolaise ont vu leur prix augmenter sur les marchés mondiaux à la mi-avril. Cette conjoncture est porteuse pour les revenus d’exportation de la RDC, même si elle s’accompagne parfois d’une hausse du coût des importations de produits pétroliers.
Plusieurs produits phares sont à la hausse. Le pétrole brut (Brent), bien que la RDC n’en exporte qu’en faible quantité, reste un baromètre important : son prix s’est établi autour de 67,9 USD le baril vers le 17 avril, en progression hebdomadaire de +3,5 %. Cette remontée du prix du baril est attribuée aux inquiétudes sur une réduction de l’offre mondiale, notamment après de nouvelles sanctions internationales réduisant les exportations pétrolières de l’Iran. Par ailleurs, l’espoir d’une détente dans la « guerre commerciale » initiée par les États-Unis – grâce à des négociations en cours – a également contribué à soutenir les perspectives de demande mondiale de pétrole. Il faut noter qu’en dépit de cette hausse récente, le cours du Brent reste environ 8,8 % plus bas qu’à fin décembre 2024, rappelant la volatilité qui caractérise les marchés pétroliers.
Du côté des métaux, le cours du cuivre – principal produit d’exportation de la RDC – a atteint environ 9 230 USD la tonne sur le LME (London Metal Exchange), soit un gain hebdomadaire de +2,7 % par rapport à la semaine précédente. Cette augmentation du prix du cuivre tient à un déséquilibre mondial entre l’offre et la demande : d’une part, une offre en légère baisse due à des goulots d’étranglement ou à des projets miniers retardés ; d’autre part, une demande en croissance continue, notamment stimulée par la politique de relance économique en Chine, grande consommatrice de cuivre. Comparé à la fin de l’année 2024, le cuivre a d’ailleurs renchéri d’environ 5 %, illustrant une tendance haussière plus générale sur le trimestre. Pour la RDC, ce niveau de prix élevé du cuivre est une excellente nouvelle, car il accroît mécaniquement les recettes d’exportation en devises et les recettes fiscales minières.
Le cobalt, autre minerai stratégique pour le Congo (utilisé dans les batteries), est resté quant à lui inchangé sur la semaine, autour de 26 578 USD la tonne. Son cours n’a pas varié d’une semaine à l’autre, mais il convient de souligner qu’il affiche une hausse de +10,5 % par rapport à son niveau de fin décembre 2024. Le marché du cobalt a en effet connu un redressement depuis le début de l’année, après une année 2024 plus morose, ce qui augure de meilleures rentrées pour les entreprises minières cobaltifères du Katanga et in fine pour l’État congolais via les redevances correspondantes.
Parmi les produits agricoles, les tendances sont également favorables pour certaines exportations. Par exemple, le prix du café robusta – dont la RDC est productrice – a augmenté sur le marché international, avec une hausse estimée à environ +4,9 % sur la même période. De même, les cours du cacao, de la gomme arabique ou d’autres produits tropicaux ont connu des fluctuations modérées, sans obstacle majeur du côté des échanges extérieurs. Globalement, la conjoncture des matières premières en avril 2025 offre donc à la RDC une opportunité de consolider sa position extérieure : des prix de vente plus élevés pour ses exportations et une monnaie nationale stable sont autant d’éléments qui contribuent à un secteur extérieur sain, générateur de devises et de croissance.
Dynamique monétaire et bancaire : liquidité abondante et crédit en expansion modérée
Les indicateurs monétaires et bancaires de la RDC au premier trimestre 2025 traduisent une situation de liquidité confortable dans le système bancaire, ainsi qu’une progression continue – quoique mesurée – de l’activité de crédit. En effet, la BCC indique que le guichet des prêts à court terme (un mécanisme de refinancement par lequel les banques commerciales peuvent emprunter à très court terme auprès de la banque centrale) est resté inactif durant tout le premier trimestre 2025. Autrement dit, aucune banque n’a sollicité d’avance de liquidité d’urgence sur cette période, là où en 2024 ce guichet avait permis d’injecter 739,2 milliards de CDF pour soutenir temporairement certaines institutions financières. De même, les opérations sur le marché interbancaire – c’est-à-dire les prêts que se font les banques entre elles – ont été très réduites début avril, avec aucune transaction enregistrée sur la semaine du 11 au 18 avril. Ce calme plat du marché interbancaire suggère que les banques disposent d’assez de trésorerie et n’ont pas eu besoin de se prêter des fonds entre elles, ni de recourir aux facilités de la banque centrale. Les taux d’intérêt directeurs élevés jouent aussi leur rôle dissuasif : le taux appliqué aux prêts interbancaires et aux avances de la BCC est demeuré à 25 %, tandis que le taux de la facilité permanente (probablement le taux de prêt marginal) est de 30 %. Ces taux directeurs volontaristes, maintenus à un niveau élevé, reflètent la politique monétaire restrictive en place pour juguler l’inflation et stabiliser la monnaie. Ils incitent les banques à une gestion prudente de leur liquidité et limitent la création monétaire excessive.
En ce qui concerne l’activité bancaire, on observe un phénomène saisonnier en début d’année : une légère contraction des dépôts suivi d’une reprise du crédit. Au 31 février 2025, le total des dépôts de la clientèle dans les banques commerciales s’élevait à 13,686 milliards de USD, marquant une baisse mensuelle de –6,9 % par rapport à fin janvier. Ce recul s’explique principalement par des retraits opérés par les entreprises (publiques et privées) et les ménages au début de l’année – possiblement pour financer des dépenses après la période des fêtes ou honorer des paiements d’impôts. La dollarisation de l’économie reste très élevée : environ 90,9 % des dépôts sont libellés en devises, principalement en dollar américain . Cela signifie que la confiance dans le franc congolais, bien qu’en progression, n’incite pas encore la majorité des agents économiques à épargner en monnaie locale. Néanmoins, cette légère érosion des dépôts en ce début 2025 fait suite à une forte progression en 2024, où l’encours des dépôts avait atteint un niveau record (14,7 milliards USD en décembre 2024) grâce à la stabilité du taux de change et à l’élargissement de la bancarisation .
Du côté des crédits, la tendance est inverse : les crédits bruts accordés par les banques ont continué de croître au début de 2025. Fin février 2025, l’encours des prêts bancaires à l’économie atteignait 8,580 milliards USD, en hausse de +2,5 % par rapport à fin décembre 2024. Cette augmentation du crédit s’explique essentiellement par une progression des prêts accordés aux ménages et aux entreprises privées, signale la BCC. En effet, les banques ont poursuivi le financement des particuliers (prêts à la consommation, crédits immobiliers) et surtout des sociétés locales, profitant de la relative détente observée sur le front de l’inflation. Fait notable, les crédits en monnaie locale et ceux en devises ont tous deux augmenté sur le mois (+3,7 % pour les crédits en CDF et +2,8 % pour ceux en USD de janvier à février) , signe que les banques commencent à prêter un peu plus en francs congolais également. Sur l’ensemble de l’année 2024, rappelons-le, le crédit bancaire avait connu une croissance vigoureuse de +17,3 %, soutenant l’investissement et la consommation, dans un contexte de reprise post-pandémie. Cette progression des prêts l’an passé provenait en grande partie de l’augmentation des crédits aux entreprises privées et aux ménages, notamment dans les provinces les plus dynamiques (Kinshasa, Haut-Katanga, Lualaba, Nord-Kivu). Les secteurs bénéficiaires des financements bancaires restent dominés par l’industrie extractive (les mines représentent à elles seules 35,4 % du portefeuille de crédit) et les services hors administration publique (27,1 %) , traduisant l’orientation des banques vers les secteurs jugés les plus solvables et rentables.
En somme, le système bancaire congolais aborde le second trimestre 2025 dans une position de liquidité globalement saine et avec des fondamentaux en amélioration. Les efforts de la BCC pour encadrer le crédit et stabiliser le cadre macroéconomique portent leurs fruits : la monnaie est stable, l’inflation contenue et les banques demeurent suffisamment capitalisées pour opérer sans soutien exceptionnel. Certes, le taux de bancarisation reste faible (autour de 6 % de la population seulement dispose d’un compte bancaire formel , ce qui limite la portée de la finance dans l’économie réelle. Mais cela signifie aussi qu’il existe une marge de progression importante pour les services financiers dans les années à venir, à mesure que la confiance revient et que de nouveaux instruments (tels que la finance mobile) se déploient. Pour l’heure, en avril 2025, la conjoncture économique de la RDC apparaît donc favorablement orientée : une croissance intérieure soutenue par les mines et les télécoms, une inflation en décélération, des finances publiques sous contrôle malgré des défis budgétaires, et un secteur extérieur renforcé par des exportations rémunératrices. Les autorités monétaires et budgétaires veillent toutefois à rester vigilantes, compte tenu des risques globaux persistants. L’objectif est de pérenniser cette stabilité acquise, en poursuivant les réformes structurelles pour diversifier l’économie au-delà des ressources naturelles, tout en protégeant le pays des chocs externes potentiels. Ainsi, le grand public peut aborder avec un optimisme prudent les perspectives économiques de la RDC, fruit d’une gestion macroéconomique rigoureuse dans un contexte international incertain.