La Commission Environnement, Ressources Naturelles et Développement Durable, soucieuse de doter la République Démocratique du Congo d’une législation adaptée à l’évolution de son secteur de l’élevage, a sollicité l’expertise du Fonds de Promotion de l’Industrie (FPI). Les enjeux sont considérables, et les discussions sont en cours pour élaborer une loi portant sur les principes fondamentaux de l’élevage. La semaine dernière, le Directeur Général Adjoint du FPI, Martin Widjilowu Ne Itchend, a été convié à l’Assemblée pour éclairer les élus sur cette question cruciale.
Martin Widjilowu Ne Itchend, avec une éloquence propre à son statut, s’est exprimé de manière on ne peut plus mesurée : « La plus grande question qui se pose est celle de l’opportunité de cette loi. Faut-il l’adopter ou pas ? En tant que FPI, nous avons formulé notre point de vue. Il est impératif de diversifier les sources de financement, car certains aspects de cette loi ne relèvent pas de notre domaine d’action, étant donné que le secteur de l’élevage accuse un retard considérable dans notre pays.«
Ce que souligne avec justesse M. Widjilowu, c’est que le secteur de l’élevage requiert des moyens conséquents et des mécanismes adaptés pour promouvoir sa croissance. Cependant, les ressources du FPI sont principalement orientées vers la transformation industrielle. Bien que le FPI puisse contribuer à la chaîne de transformation de l’élevage, son implication reste nécessaire dans des domaines tels que la production laitière, car cela s’inscrit dans le cadre de ses missions visant à favoriser l’industrialisation du pays.
Néanmoins, il convient de noter que le FPI ne dispose pas de ressources suffisantes pour financer l’ensemble du secteur de l’élevage, et cela ne relève pas de sa mission première. De plus, l’absence de données spécifiques et de maîtrise du secteur soulève des problèmes évidents. M. Widjilowu met en garde contre le risque énorme et l’inconnu que représente un tel engagement sans une compréhension approfondie du domaine : « Il est impératif de mener des études démontrant la viabilité de notre intervention. Nous ne pouvons pas nous aventurer dans un domaine que nous ne maîtrisons pas. Cela constituerait un risque excessif, une plongée dans l’inconnu. La prudence la plus extrême est de mise.«
D’un autre côté, Many Ngoyi Liliane, première vice-présidente de la Commission Environnement, a expliqué que « le Parlement a sollicité l’avis du FPI dans le cadre de l’examen du projet de loi en commission. Il s’agit d’une procédure routinière. Nous travaillons sur une loi d’une grande sensibilité en RDC, le secteur de l’élevage exigeant d’importants moyens, particulièrement dans les zones rurales où il doit se développer. Cette loi vise également à soutenir les entités territoriales, ce qui justifie l’accent mis sur un fonds destiné à l’élevage.«
Il est à noter que la Commission privilégie l’option du FPI plutôt que la création d’un nouveau fonds, en vue de clarifier les modalités de financement des éleveurs. Cette démarche, visant à rationaliser les ressources, est justifiée par les discussions en cours.
Le député Dhédhé Mopasa, rapporteur de la Commission, a souligné que « le débat et les orientations se poursuivent, la loi étant encore en cours d’examen. Nous avons dialogué avec le FPI et l’Office Congolais de Contrôle (OCC), et le ministère de la Pêche et de l’Élevage sera également convié à la réflexion. La question des fonds nécessaires à cette loi est cruciale, étant donné qu’il s’agit d’un prélèvement sur les produits d’origine animale, que l’OCC perçoit. Il faudra déterminer comment répartir les ressources entre les produits industriels, semi-industriels et les abats. Un consensus sera trouvé, dans le but ultime d’améliorer le bien-être de la population.«
Il est indéniable que l’adoption de cette loi sur les principes fondamentaux de l’élevage est un défi majeur pour la République Démocratique du Congo. Elle nécessite un équilibre subtil entre les ressources financières disponibles, la mission du FPI, et les besoins pressants du secteur de l’élevage. Il est impératif de mener des études approfondies et de peser soigneusement les avantages et les risques avant de prendre des décisions qui auront un impact durable sur l’économie et le bien-être de la population.