Le 10 septembre 2024 marque un jalon significatif pour la Banque Africaine de Développement (BAD), qui célèbre son 60e anniversaire à Abidjan, siège de l’institution. Au-delà du symbolisme, cet anniversaire est une opportunité d’analyser l’impact économique et financier de cette institution sur le développement du continent africain, tout en soulignant les chiffres clés de ses réalisations.
Présidant la cérémonie, le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, a salué les contributions de la BAD à la croissance économique de l’Afrique. Il a rappelé que la Banque a financé des projets d’infrastructure essentiels tout en améliorant les conditions de vie de millions d’Africains. « La BAD est une source de fierté pour l’Afrique, mais aussi un moteur de développement indispensable, » a-t-il déclaré.
Cependant, Ouattara n’a pas manqué de souligner que des défis subsistent, en particulier ceux liés aux crises économiques et sociales. « Notre continent fait face à des défis colossaux : les inondations, les conflits, et l’insécurité alimentaire continuent d’affecter des millions de personnes. La Banque doit renforcer ses interventions, notamment dans les secteurs de l’agriculture, du climat, et de la paix, afin de stimuler une croissance inclusive, » a-t-il ajouté.
Depuis sa création en 1964, la BAD s’est imposée comme un acteur clé du financement en Afrique, soutenant plus de 6 575 projets à travers le continent. Ces dix dernières années, l’institution a injecté 77 milliards de dollars dans 3 000 projets stratégiques, consolidant ainsi sa position de leader en matière de développement. Ces investissements ont principalement ciblé les infrastructures de transport, l’énergie, et les technologies numériques.
En mai 2024, la Banque a atteint un nouveau sommet avec une augmentation de son capital, qui s’élève désormais à 318 milliards de dollars, renforçant ainsi sa capacité à soutenir des projets encore plus ambitieux. Cette croissance a été facilitée par l’appui de ses actionnaires, dont le président Ouattara, qui a joué un rôle déterminant dans la levée de 115 milliards de dollars en 2019, marquant ainsi la plus grande augmentation de capital de l’histoire de la BAD.
Sous la direction d’Akinwumi Adesina, la Banque a non seulement élargi son champ d’action, mais a également accru son influence sur les grandes décisions économiques du continent. Lors de son intervention, Adesina a rappelé que 52 % des Africains ont désormais accès à l’électricité, contre seulement 25 % en 2016, grâce aux initiatives de la Banque dans le secteur énergétique. Le projet « Desert-to-Power », d’une valeur de 20 milliards de dollars, vise par ailleurs à fournir 10 000 mégawatts d’électricité à 250 millions de personnes dans 11 pays du Sahel.
Soutenir l’agriculture et lutter contre le changement climatique
Le rôle de la BAD ne se limite pas aux infrastructures ; elle est également un acteur majeur dans l’essor de l’agriculture africaine et la lutte contre le changement climatique. Lors du Sommet Feed Africa à Dakar, la Banque a réussi à mobiliser 72 milliards de dollars pour booster la production agricole du continent et sécuriser les chaînes d’approvisionnement.
Face aux défis environnementaux, la BAD a, à travers son Programme d’Accélération de l’Adaptation en Afrique, alloué 25 milliards de dollars pour soutenir les efforts d’adaptation des économies africaines. En parallèle, une fenêtre d’investissement dédiée à l’action climatique, dotée de 14 milliards de dollars, a été mise en place pour renforcer la résilience des populations vulnérables.
Avec ses multiples initiatives, la BAD est aujourd’hui perçue comme l’un des principaux moteurs de la croissance en Afrique. L’accent mis sur les infrastructures, les technologies et la transformation agricole reflète une stratégie claire : celle de bâtir une économie africaine résiliente, capable de surmonter les défis à venir.
Les chiffres impressionnants témoignent de l’importance des ressources mobilisées et de la capacité de la Banque à canaliser des fonds vers des secteurs stratégiques. Alors que l’Afrique continue de faire face à des défis socio-économiques, l’engagement de la BAD à stimuler le développement durable reste plus que jamais d’actualité.
M. Kosi