Budget 2025 : l’État revoit ses ambitions à la baisse pour soutenir l’armée

0
286
Assemblée nationale

Le gouvernement congolais a réajusté ses prévisions budgétaires pour 2025. Présenté à l’Assemblée nationale le lundi 2 juin, le nouveau cadre financier prévoit une baisse des recettes par rapport aux projections initiales arrêtées en décembre 2024. Derrière cette révision, une priorité clairement affichée : alléger les dépenses institutionnelles pour réorienter les moyens vers les opérations militaires.

Ce virage budgétaire a été défendu en personne par le ministre d’État au Budget, Aimé Boji Sangara, flanqué de la vice-ministre des Finances O’neige Nsele. Face à un hémicycle attentif, le duo a justifié ce rééquilibrage par la dégradation continue de la situation sécuritaire dans l’Est du pays, qui requiert des moyens supplémentaires pour soutenir les forces armées.

Le président de l’Assemblée, Vital Kamerhe, a d’ailleurs pris soin de rappeler à ses collègues l’exigence d’un examen minutieux : « Nous devons nous assurer que chaque franc redéployé vers l’armée serve réellement à renforcer nos capacités sur le terrain. » À treize jours de la clôture de la session ordinaire, le calendrier parlementaire s’est donc accéléré pour permettre l’étude du projet par la Commission économique, financière et de contrôle budgétaire.

Si les chiffres précis du réajustement n’ont pas encore été rendus publics en séance plénière, plusieurs sources internes évoquent une réduction de près de 7 % des recettes initiales, principalement causée par la baisse des exportations minières sur le premier trimestre 2025. La Gécamines, par exemple, aurait vu ses revenus chuter de plus de 12 % entre janvier et avril, selon des données consultées par Lepoint.cd.

Dans cette nouvelle version du budget, le gouvernement entend geler certaines lignes de dépenses liées au fonctionnement des institutions. Les frais de mission, les acquisitions de véhicules de fonction ou encore certaines subventions aux cabinets politiques seraient parmi les principales cibles de cette cure d’austérité partielle.

En revanche, les crédits destinés aux opérations militaires bénéficieraient d’un renforcement immédiat. Le ministère de la Défense pourrait ainsi obtenir une rallonge de 450 milliards de francs congolais, selon un membre de la commission budgétaire, soit une hausse de près de 30 % par rapport à l’enveloppe initiale.

“C’est un budget de contrainte, mais c’est aussi un budget de survie”, commente un député de la majorité. “Nous n’avons pas le luxe d’attendre, les événements dans le Nord-Kivu ne nous laissent pas le choix.”

Ce réajustement budgétaire s’inscrit dans une tendance amorcée depuis la fin 2023, où les arbitrages financiers ont commencé à pencher en faveur des secteurs régaliens. Déjà, le rapport semestriel de la Cour des comptes alertait sur une exécution lente des dépenses sociales, tandis que les dépenses militaires affichaient un taux d’engagement supérieur à 85 % dès le mois d’août.

Pour les observateurs économiques, cette nouvelle orientation soulève une question plus large : jusqu’à quel point l’État peut-il affaiblir son socle administratif sans compromettre son fonctionnement ? À moyen terme, la réduction des dépenses récurrentes peut créer des tensions dans la chaîne des services publics, déjà confrontés à des retards de paiement et à un sous-financement chronique.

La balle est désormais dans le camp de la Commission parlementaire, qui devra affiner ce projet et en détailler les arbitrages. Un rapport complet est attendu dans les tout prochains jours, avec pour objectif une adoption avant la clôture de la session.

— M. KOSI

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici