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Endettement accru en RDC : le FMI accorde 3 milliards USD, alors que 15,9 milliards sont déjà mal gérés (Crefdl)

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Le Fonds monétaire international (FMI) vient d’approuver un nouveau prêt de 3 milliards USD à la République démocratique du Congo (RDC). Ce décaissement, annoncé le 15 janvier 2025, relance le débat sur l’utilité réelle de ces financements dans un pays où les dérives budgétaires restent un défi persistant.

L’enthousiasme officiel autour de ce soutien financier tranche avec les réserves exprimées par des acteurs de la société civile et des observateurs économiques. Le Centre de recherche en finances publiques et développement local (Crefdl), une organisation engagée dans le suivi des politiques économiques, n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué, il met en garde contre les risques d’une mauvaise utilisation de ces fonds, soulignant que les réformes attendues pour assainir les finances publiques tardent toujours à se concrétiser.

Le Crefdl rappelle que les recettes internes du pays, bien qu’en progression, peinent à répondre aux besoins de développement. Une large partie de ces ressources est engloutie dans des dépenses de fonctionnement et des rémunérations, laissant peu de marge pour des investissements structurants. Ce déséquilibre soulève des doutes sur la capacité du gouvernement à traduire ce nouvel apport financier en actions concrètes pour améliorer les conditions de vie de la population.

Les précédents exercices budgétaires de 2022 et 2023, épinglés par des rapports de la Cour des comptes, illustrent les failles persistantes dans la gestion des fonds publics. Selon les chiffres cités par le Crefdl, 15,9 milliards USD auraient été mal utilisés au cours de ces deux années, un constat qui aurait dû inciter les partenaires internationaux à poser des conditions strictes avant tout nouveau soutien.

La question de la dette publique vient s’ajouter à ces préoccupations. Ce nouvel emprunt alourdit un fardeau financier déjà considérable, avec des engagements à long terme qui risquent de compromettre les générations futures. En 2024, le FMI avait déjà approuvé une tranche de 224,7 millions USD dans le cadre d’un programme de 1,5 milliard USD établi en 2021, engageant la Banque centrale du Congo dans des remboursements sur deux décennies.

Face à ces défis, le Crefdl appelle à une mobilisation citoyenne pour exiger une gestion rigoureuse et transparente des fonds publics. L’organisation estime que la population doit jouer un rôle de vigie pour éviter que ces financements ne tombent dans les mêmes travers que les précédents.

La gestion des finances publiques en RDC reste une problématique complexe, où les financements internationaux, loin de constituer une solution miraculeuse, risquent de devenir une partie du problème. Alors que les attentes des Congolais pour des améliorations tangibles dans leur quotidien demeurent élevées, le gouvernement devra démontrer sa capacité à utiliser ces ressources avec efficacité et responsabilité.

— Peter MOYI

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