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La RDC face à un dilemme : privilégier le pont Kinshasa-Brazzaville ou finaliser le port de Banana ?

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La décision récente du Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) de donner la priorité à la construction d’un pont route-rails entre Kinshasa et Brazzaville suscite des débats houleux. Alors que ce projet est présenté comme une avancée logistique importante pour le commerce transfrontalier, certaines voix, notamment celle de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), alertent sur ses conséquences économiques et stratégiques pour le pays.

Pour l’ACAJ, ce choix est un pari risqué. Selon cette organisation, en l’absence d’un accès direct et pleinement opérationnel à l’océan Atlantique, la RDC expose son économie à une dépendance accrue vis-à-vis des ports étrangers. Les infrastructures portuaires de Pointe-Noire au Congo ou encore celles de Lobito en Angola deviennent alors des maillons essentiels pour les importations et exportations du pays, au détriment de sa souveraineté économique.

Dans ce contexte, le port en eaux profondes de Banana, situé dans le Kongo-Central, apparaît comme une pièce maîtresse encore manquante dans le puzzle du développement national. Conçu pour doter la RDC d’un accès direct et indépendant à l’Atlantique, ce projet devait s’accompagner de la construction d’une autoroute et d’une ligne ferroviaire reliant le littoral à l’arrière-pays. Pourtant, malgré son importance stratégique, sa réalisation traîne en longueur. Cette situation a conduit de nombreux observateurs, dont l’ACAJ, à s’interroger sur les priorités du gouvernement actuel.

Le retard dans l’achèvement du port de Banana ne se limite pas à des considérations économiques. L’impact géostratégique est également au cœur des préoccupations. Les experts estiment qu’un tel port renforcerait considérablement la position de la RDC sur la scène commerciale régionale et internationale, réduisant ainsi sa dépendance envers des partenaires voisins. Ignorer cette opportunité revient, selon certains analystes, à céder une partie de la souveraineté nationale à des infrastructures extérieures.

La signature récente d’un accord entre la RDC, l’Angola et la Zambie pour le développement du corridor de Lobito n’a fait qu’intensifier les inquiétudes. Bien que ce partenariat puisse offrir des avantages économiques à court terme, il ne remplace pas la nécessité de disposer d’un port national pleinement fonctionnel. Les critiques soulignent que cet accord pourrait détourner les efforts et les ressources initialement alloués au projet de Banana, compromettant ainsi l’autonomie logistique du pays.

Pour sa part, l’ACAJ appelle à une mobilisation des institutions législatives afin de revoir les priorités nationales. L’organisation estime que la construction du pont Kinshasa-Brazzaville ne devrait être envisagée qu’après l’achèvement complet du port de Banana. Selon elle, il appartient au Parlement de jouer son rôle en garantissant que les intérêts stratégiques de la RDC soient préservés, au-delà des promesses économiques immédiates.

Alors que les débats se poursuivent, le choix entre ces deux infrastructures symbolise un dilemme plus large pour la RDC : celui d’équilibrer des impératifs régionaux avec des ambitions de souveraineté nationale. Ce débat pourrait bien redéfinir les orientations stratégiques du pays pour les décennies à venir.

— M. KOSI

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