Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) vient d’annoncer avec exclusivité avoir sécurisé un financement considérable de 123,5 millions de dollars auprès de quatre institutions financières locales de renom. Il s’agit d’EquityBCDC, FirstBank DRC, Ecobank RDC, et Standard Bank RDC. L’objectif de cette opération est de rembourser partiellement les dettes accumulées envers les acteurs du secteur pétrolier. Un développement d’une importance capitale pour l’économie du pays, surtout à un moment où les arriérés, communément appelés « MAG », menaçaient de s’élever à près d’un demi-milliard de dollars, mettant en péril l’approvisionnement en produits pétroliers.
Un engagement financier stratégique
Dans les détails, les montants engagés par chaque institution sont les suivants :
- EquityBCDC : 80 millions de dollars,
- FirstBank DRC : 20 millions de dollars,
- Ecobank RDC : 13,5 millions de dollars,
- Standard Bank RDC : 10 millions de dollars.
Cette injection de fonds, annoncée le 12 février dernier, vise à alléger une partie des dettes accumulées, principalement celles découlant du système de subvention mis en place pour maintenir les prix du carburant à des niveaux abordables. Ce système, bien que longtemps en place, a vu ses coûts augmenter de manière significative en 2022, notamment en raison de la crise russo-ukrainienne qui a provoqué une hausse des prix du pétrole.
une réponse aux défis économiques
En octobre de la même année, sous la pression des circonstances, Kinshasa a dû débourser 430,4 millions de dollars pour couvrir les manques à gagner des sociétés pétrolières depuis 2021, sans parvenir à juguler la croissance trimestrielle de ces MAG. Le gouvernement congolais justifie cette mobilisation financière en insérant cette démarche dans un programme de réformes plus vaste. Ce programme vise à réajuster la politique de subventions des produits pétroliers et à clarifier la structure tarifaire dans ce secteur.
En effet, un audit réalisé par le cabinet Mazars en mars 2023 avait souligné la nécessité de réformes pour améliorer la gouvernance et l’efficacité du secteur pétrolier. Ces recommandations ont poussé le gouvernement à élaborer un plan d’action ciblé, visant à consolider la gouvernance et l’efficacité opérationnelle du secteur, souligne Kinshasa.
Des mesures structurelles pour assurer la viabilité
Face à ces défis, le gouvernement indique avoir pris des mesures importantes pour aligner les dépenses publiques sur les normes internationales. Cela inclut l’exclusion du secteur de l’aviation internationale du régime de subventions, ainsi que la révision des calculs des manques à gagner.
À mi-2023, des négociations avaient débuté avec les principaux acteurs du secteur pétrolier, tels qu’Engen, TotalEnergies, et Cobil, ainsi que les compagnies logistiques comme Congo Sep, SOCIR, et Lerexcom, afin de mettre en place un plan de remboursement viable. Ces démarches ont été complétées en octobre 2023 par le renforcement des mesures de rationalisation étendue au secteur minier, représentant près de 20% des manques à gagner.
Une nouvelle approche financière
Pour concrétiser ce financement syndiqué, structuré en collaboration avec le cabinet Tshinu Consulting dirigé par le financier congolais Michel Losembe, Kinshasa a instauré une nouvelle parafiscalité nommée « Stock de Sécurité ». Cette mesure innovante consiste à créer un fonds spécifique destiné au remboursement de la dette, en imposant une taxe ou une contribution additionnelle dans le secteur pétrolier. L’objectif est d’assurer une source de financement autonome pour la dette, sans impacter directement les ressources du Trésor congolais.
Cette manœuvre financière vise à stabiliser les finances publiques sans alourdir la charge fiscale pour l’économie dans son ensemble, déjà soumise aux chocs externes résultant des crises mondiales depuis 2020. Une approche stratégique qui, selon les autorités de Kinshasa, contribuera à atténuer les pressions économiques actuelles tout en posant les bases d’une stabilité à long terme.
par la rédaction