Depuis le début de l’année 2024, une augmentation substantielle des tarifs de l’électricité est entrée en vigueur au Cameroun, touchant spécifiquement les clients en moyenne tension, soit les clients industriels. Ces derniers, au nombre d’environ 2000 sur les plus de 2 millions d’abonnés d’Eneo, le concessionnaire exclusif du service de distribution électrique dans le pays, représentent près de 0,1% du portefeuille global.
Dans une note d’information datée du 23 janvier, consultée par Investir au Cameroun, Eneo rappelle que cette augmentation se traduira par une hausse de 5% pour les tranches de consommation allant de 0 à 3 MW et de 10% pour celles comprises entre 3 et 10 MW. Cette initiative découle de la décision de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) du 12 décembre 2022, établissant les tarifs de vente hors taxe d’électricité pour les clients moyenne tension sur la période 2023-2026.
Cette décision gouvernementale prévoit une augmentation annuelle de 5% pour les consommations de 0 à 3 MW et de 10% pour celles de 3 à 10 MW. À noter que cette hausse s’applique également aux clients haute tension, avec une augmentation respective de 6% et 10% dès le 1er janvier 2023. Cependant, les clients basse tension, principalement les ménages, ne sont pas touchés pour l’instant, bien que des ajustements tarifaires soient envisagés pour les clients basse tension professionnels.
Une nécessité financière et un alignement international
Depuis 2012, les tarifs de l’électricité au Cameroun étaient gelés, mais cette stagnation devenait intenable selon l’Arsel. Jean Pascal Nkou, directeur général de l’Arsel, explique que « les prix étant restés figés, nous avons enregistré au cours de cette période un déséquilibre financier entre les ressources générées par le secteur et les dépenses qui doivent être supportées par ce secteur ». Il précise que l’ajustement a été effectué partiellement pour atteindre le coût du service en 2026.
Cette augmentation s’inscrit également dans le cadre des engagements pris par le Cameroun envers le Fonds monétaire international (FMI), qui conditionne certains prêts à l’arrêt des subventions énergétiques. Gaston Eloundou Essomba, ministre de l’Eau et de l’Énergie, indique que les subventions versées entre 2012 et 2022 pour éviter cette hausse tarifaire s’élèvent à environ 300 milliards de FCFA.
Impact sur les entreprises et attentes pour l’avenir
Si cette hausse est justifiée du point de vue financier et international, les entreprises n’en sont pas moins affectées. Certains secteurs industriels voient leurs coûts de production augmenter, compromettant la compétitivité. Toutefois, le gouvernement insiste sur la nécessité d’aligner les tarifs sur les coûts réels du service.
Cette augmentation des tarifs de l’électricité constitue donc une mesure nécessaire pour rétablir l’équilibre financier du secteur énergétique au Cameroun, bien que les répercussions sur les entreprises soulèvent des préoccupations légitimes. À l’heure actuelle, il est crucial pour les acteurs économiques de s’adapter à cette nouvelle réalité tarifaire, tandis que le gouvernement travaille à garantir la viabilité financière du secteur énergétique dans les années à venir.
Par la Rédaction