Une contestation interne secoue le secteur pétrolier de Goma. Seize stations ont déjà baissé rideau. Et d’autres pourraient suivre. À l’origine : un cumul de frustrations économiques et une colère dirigée contre la gouvernance interne de l’Association des pétroliers du Nord-Kivu (APENOKI).
Les membres, qui importent et distribuent les produits pétroliers dans cette zone stratégique de l’est de la RDC, s’élèvent contre ce qu’ils qualifient de « traitement inéquitable au poste de dédouanement ». Dans leurs griefs : des droits de douane jugés arbitraires, souvent plus favorables à certains opérateurs, et surtout l’exigence de paiement en dollars alors que la vente se fait en francs congolais. Résultat : les marges fondent, les stocks stagnent, les pompes se ferment.
Dans un secteur déjà fragilisé par la hausse du coût du transport, le climat d’insécurité routière dans les zones d’approvisionnement, et une inflation qui comprime le pouvoir d’achat des consommateurs, cette distorsion fiscale crée un déséquilibre que les professionnels disent ne plus pouvoir supporter.
Pour sortir de l’impasse, les membres de l’APENOKI proposent une solution pragmatique : une taxation forfaitaire pour chaque cargaison — 6 000 USD pour l’essence, 6 250 USD pour le gasoil — avec un mécanisme de paiement mixte : 60 % en devise, 40 % en monnaie locale. Une manière, selon eux, de rétablir l’équilibre sans ignorer les impératifs de trésorerie de l’État.
Mais cette crise dépasse les murs des stations-service. Elle se double d’une fronde institutionnelle. Le président de l’association, accusé de rester en poste au-delà de la durée autorisée — trois ans, renouvelable une fois —, est aussi tenu responsable de l’absence de résultats et du manque de transparence dans la gestion des contributions censées financer des projets urbains à Goma.
L’un des membres s’insurge : « Nous payons, mais rien n’est visible. Et pendant ce temps, notre président défend la reconduction d’une contribution dont l’usage reste flou. Cela suffit. »
Le malaise est tel qu’un appel à une élection anticipée est désormais sur la table. L’objectif : refonder la gouvernance de l’APENOKI, avec une direction qui défendrait réellement les intérêts du collectif. Les membres réclament l’intervention de l’autorité urbaine pour encadrer ce processus.
Sollicité par Radio Okapi, le président de l’association n’a pas encore livré sa version des faits, mais a promis une réaction prochaine. Reste à savoir si elle suffira à éteindre l’incendie ou si une nouvelle ère de leadership s’impose pour apaiser les tensions.
— M. KOSI