À Kananga, les chiffres révélés lundi lors d’une plénière provinciale mettent en lumière les contrastes flagrants dans la réhabilitation des infrastructures publiques confiées à la société Safrimex. Le directeur technique de l’entreprise, Paulin Mukendi, a présenté un bilan d’avancement des travaux pour plusieurs ouvrages emblématiques, soulignant des écarts notables entre les différents chantiers.
La construction de la résidence du gouverneur affiche un taux d’exécution de seulement 37 %, loin derrière celui du bâtiment administratif principal, siège des services étatiques, qui atteint 58,2 %. En revanche, certains projets avancent à un rythme soutenu. C’est le cas de la nouvelle morgue de l’hôpital général de référence de Kananga, en cours de finition à 78 %, tandis que les travaux d’aménagement des murs extérieurs ont déjà été réalisés à hauteur de 84 %. Des taux qui contrastent fortement avec la situation plus critique d’autres chantiers.
Le siège de la mairie de Kananga et celui de l’Assemblée provinciale figurent parmi les projets les plus aboutis. Respectivement évalués à 92,25 % et 93,13 %, ils laissent entrevoir une mise en service proche. À l’opposé, les travaux de voirie urbaine semblent ralentis : le premier lot est réalisé à 33 %, tandis que le second stagne à 30,2 %. Ces retards sont d’autant plus préoccupants que plusieurs entreprises, dont Safrimex, ont déjà reçu des acomptes dans le cadre des conventions signées avec l’État congolais.
Ce déséquilibre dans l’état d’avancement soulève des interrogations au sein de la représentation provinciale. Le député Sosthène Kambidi, élu de Kazumba, a plaidé pour l’envoi d’une commission parlementaire de suivi sur le terrain. Il s’agit, selon lui, d’évaluer concrètement l’usage des fonds alloués, de vérifier la conformité des réalisations aux termes contractuels, et de s’assurer que les engagements pris avec les autorités provinciales sont respectés.
À travers cette intervention, l’élu exprime un besoin partagé : celui d’une redevabilité plus forte dans la gestion des deniers publics, dans un contexte où la population attend des résultats visibles et durables. Car derrière les pourcentages et les échéanciers, ce sont des services essentiels à la vie quotidienne qui sont en jeu : santé, gouvernance, mobilité.
Le programme de réhabilitation mené à Kananga devient ainsi un miroir des tensions structurelles qui traversent la commande publique en République démocratique du Congo. Il illustre le défi permanent de concilier efficacité technique, respect des délais et transparence dans l’exécution des marchés. Les chiffres, seuls, ne suffisent plus. Ce sont les preuves concrètes sur le terrain qui permettront de restaurer la confiance entre l’État, les entreprises exécutantes et les citoyens.
— M. KOSI