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La lente agonie des projets d’infrastructures du PDL-145 en Ituri

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Dans les rues de Bunia, les habitants oscillent entre résignation et colère. Les projets d’infrastructures tant attendus, porteurs d’espoir pour des milliers de familles, semblent aujourd’hui figés dans le marasme. Le Programme de Développement Local des 145 territoires, lancé en grande pompe par le Gouvernement, peine à tenir ses promesses en Ituri.

Si quelques avancées sont visibles dans le chef-lieu provincial, où écoles et centres de santé commencent timidement à accueillir les bénéficiaires, la situation est tout autre dans les territoires périphériques. À Djugu, Mahagi ou encore Mambasa, ces projets ne sont que des mirages, suspendus dans un flou administratif et financier.

À l’origine, le programme devait transformer les conditions de vie des habitants, particulièrement dans les zones ravagées par les conflits armés. Mais aujourd’hui, le constat est amer : des chantiers à l’abandon, des ouvriers non rémunérés, et des partenaires exécutants qui dénoncent des factures impayées. « Tout est bloqué, et personne ne nous dit pourquoi », confie un entrepreneur sous couvert d’anonymat.

La société civile locale, en première ligne face à ces dysfonctionnements, n’épargne pas ses critiques. Pour Dieudonné Lossa, coordonnateur de cette structure en Ituri, l’urgence est de faire la lumière sur la gestion des fonds alloués. « On ne peut pas accepter que des financements destinés à des projets aussi vitaux soient dilapidés ou détournés. Où est passé l’argent ? Pourquoi les travaux n’avancent-ils plus ? » s’interroge-t-il avec gravité.

Les questions s’accumulent, tout comme l’exaspération des populations. À Djugu, où les écoles et centres de santé détruits par les groupes armés attendent toujours leur réhabilitation, l’abandon des projets est vécu comme une nouvelle trahison. « On nous avait promis des solutions concrètes, mais rien n’a bougé depuis des mois », lâche un enseignant désabusé.

Le silence du Bureau central de coordination (BCECO), chargé de superviser ces travaux, ajoute à la frustration générale. Malgré les sollicitations répétées, cette agence publique reste muette, laissant les habitants dans l’incertitude.

En Ituri, les infrastructures en suspens symbolisent un espoir déçu. Pour de nombreuses familles, ces projets représentaient une possibilité de tourner la page sur des années de souffrance. Aujourd’hui, elles attendent des actes, pas des promesses.

— Peter MOYI

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