La République démocratique du Congo renforce ses contrôles pour éliminer le plomb dans les peintures, une mesure essentielle pour sécuriser ses échanges commerciaux. Jeudi à Kinshasa, l’Office Congolais de Contrôle (OCC) et l’ONG Leed Exposure Elimination Project (LEEP) ont organisé un atelier dédié à cette problématique, sous l’impulsion du ministère du Commerce Extérieur.
Le plomb, toxique puissant notamment pour le développement cérébral chez l’enfant, est soumis à des limites très strictes sur les marchés internationaux. Son dépassement constitue une cause fréquente de rejet des produits aux frontières, ce qui pénalise les exportateurs congolais. En 2023, les contrôles douaniers dans plusieurs pays ont entraîné un refus de plus de 12 % des importations issues de pays en développement, à cause notamment de non-conformités sanitaires ou environnementales.
Face à ce constat, le gouvernement congolais, représenté par Julien Paluku Kahongya via son directeur de cabinet Beneseth Msafiri Kyakakala, insiste sur la nécessité d’instaurer des mesures de contrôle juridiques et techniques robustes. L’objectif est double : protéger la santé publique locale et améliorer la compétitivité des produits sur les marchés régionaux et mondiaux, en particulier dans la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et l’Union africaine, où la demande pour des produits respectant les normes internationales progresse d’environ 8 % par an.

Christelle Mwabilu, directrice générale adjointe de l’OCC, rappelle que l’intégration de normes sanitaires sur le plomb dans les processus industriels n’est pas une charge, mais un levier de développement économique. En effet, la conformité ouvre des portes vers des marchés porteurs, notamment en Europe et en Amérique du Nord, où les seuils autorisés de plomb dans les peintures ne dépassent pas 90 mg/kg, selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Le partenariat avec LEEP, ONG spécialisée dans l’élimination des substances toxiques, apporte un soutien technique précieux. Juliette Feretti, responsable de la recherche au sein de LEEP, a confirmé l’accompagnement pour renforcer les capacités locales en contrôle qualité et en suivi réglementaire, une démarche indispensable pour réduire progressivement la présence de plomb dans les peintures produites sur le territoire.
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à aligner la RDC sur les exigences internationales de sécurité des produits, élément clé pour diversifier ses exportations et améliorer sa balance commerciale. En 2022, les exportations congolaises vers les marchés conformes ont enregistré une hausse de 5,4 %, malgré des freins liés à la qualité des produits.
Au-delà des bénéfices économiques, la réduction du plomb dans les peintures répond à une urgence sanitaire majeure. L’OMS estime que l’exposition au plomb cause chaque année plus de 800 000 décès prématurés dans le monde, avec un impact considérable sur les capacités cognitives et le développement des populations, notamment chez les enfants.
La RDC engage ainsi une politique sanitaire et commerciale qui, si elle est tenue dans la durée, pourrait améliorer la confiance des partenaires internationaux et favoriser une insertion plus dynamique dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.
— M. KOSI