Au début de la nouvelle session parlementaire, le député Éric Ngalula Ilunga, représentant la circonscription Lupatapata dans la province du Kasaï Oriental, a pris l’initiative de déposer une question orale au bureau de l’Assemblée nationale. Cette question s’adresse à Antoinette N’samba, la ministre des Mines, et vise à éclaircir les raisons derrière la suspension des ventes de diamants émanant de la société Ahnui Congo d’Investissement Minier (SACIM).
La requête d’Éric Ngalula porte spécifiquement sur l’arrêté ministériel n°00049/CABMIN/MINES/01/2022, datant du 22 février 2022. Cet arrêté fixe les règles concernant les enchères pour les substances minérales sous la tutelle de la CEEC et les conséquences de ces règles sur la SACIM.
Pour le député Ngalula, l’élément déclencheur de la chute dramatique de la SACIM, qui se trouve aujourd’hui dans l’incapacité de rémunérer son personnel, réside dans l’arrêté de la ministre des Mines. Cet arrêté a restreint le monopole d’achat des pierres précieuses à seulement cinq opérateurs économiques congolais soigneusement présélectionnés.
« En conséquence, » a-t-il ajouté, « ces acheteurs ont imposé des prix inférieurs à ceux observés sur le marché international du diamant.«
La SACIM s’est ainsi retrouvée dans l’incapacité de vendre ses produits au plus offrant, comme le prévoit le code minier actuel en son article 85. Celui-ci stipule que la commercialisation des produits miniers issus des zones d’exploitation est libre, et les détenteurs de permis d’exploitation sont autorisés à vendre leurs produits à des clients de leur choix, à des prix sujets à des négociations libres.
Outre les questions entourant la débâcle de la SACIM, le député Éric Ngalula, représentant la province du Kasaï Oriental, a exigé des clarifications de la ministre des Mines concernant la légalité et l’opportunité de cet arrêté. Il a également souhaité connaître l’intérêt que la République Démocratique du Congo retire de la limitation des achats de la production de la SACIM à seulement cinq opérateurs nationaux, ainsi que l’état d’avancement de l’établissement et du développement d’une bourse dédiée aux substances précieuses, une justification souvent avancée pour justifier cet arrêté. Enfin, il a interrogé la ministre sur sa réaction face aux difficultés actuelles de la SACIM.
Il convient de rappeler que la SACIM est une entreprise chinoise créée en 2013, spécialisée dans l’exploitation de diamants industriels sur le site de la Société Minière de Bakwanga (MIBA), situé à Tshibwe, dans la province du Kasaï Oriental. Cette entreprise fonctionne en partenariat à parts égales avec l’État congolais et son homologue chinois. Elle emploie près de 1000 travailleurs.
Si cet arrêté devait devenir définitif, il entraînerait un chômage massif et plongerait la province, déjà confrontée à une grave pauvreté, dans une crise économique majeure.
Cette situation suscite des inquiétudes majeures au sein de la communauté économique congolaise et au-delà, alors que les acteurs de l’industrie du diamant observent de près l’évolution de cette affaire aux conséquences potentiellement dévastatrices.