La République Démocratique du Congo amorce un virage démocratique, suscitant des interrogations sur les répercussions de cette évolution sur son secteur financier. Plongé dans une léthargie persistante, ce dernier fait face à un impératif de modernisation, renforcé par les récentes évolutions politiques du pays.
Sous la présidence de Félix TSHISEKEDI, la RDC semble engagée dans une transformation profonde de son secteur financier. Si ce processus avait débuté sous l’ère du Président KABILA, avec des réformes significatives telles que l’adhésion à l’OHADA (2010) ou la libéralisation du secteur des assurances (2018), il semble aujourd’hui gagner en vitesse et en intensité.
Selon une étude de FINACTU, le nombre d’institutions financières en RDC est passé de 39 en 1997 à 233 en 2017, reflétant une effervescence certaine. Malgré cette dynamique, le secteur financier peine à pleinement jouer son rôle de levier économique. En 2018, les actifs bancaires ne représentaient que 16% du PIB, les crédits bancaires 6%, des chiffres bien en-deçà des moyennes africaines.
Ce paradoxe s’explique en partie par une faible bancarisation, avec un taux stagnant autour de 6% en RDC. Les prix élevés pratiqués par les banques, destinés à compenser leur faible pénétration, freinent le développement de la bancarisation. Le pays compte également moins d’une agence bancaire pour 100 000 habitants, contre près de 3 en Tanzanie, 16 en Angola et 70 en Belgique ou en France.
Le secteur des assurances en RDC, quant à lui, se caractérise par un monopole historique de la SONAS, qui a récemment été remis en question avec la libéralisation du secteur en 2019. Cette ouverture a entraîné l’agrément de nouveaux assureurs et de sociétés de courtage, avec l’arrivée imminente d’autres acteurs majeurs.
Le nouveau Code des assurances, en vigueur depuis 2016, constitue une avancée significative pour le secteur, mais des améliorations sont nécessaires pour renforcer le cadre réglementaire et de supervision, notamment pour la microassurance et l’assurance agricole.
En somme, le secteur financier congolais semble en pleine mutation, porté par les aspirations démocratiques du pays. Pour concilier assainissement et développement, une adaptation continue du cadre réglementaire apparaît indispensable.