Plus d’un tiers de la production mondiale de semi-conducteurs pourrait subir des interruptions liées à un manque de cuivre d’ici 2035, avertit un rapport récent de PricewaterhouseCoopers (PwC). Cette proportion est quatre fois supérieure à celle constatée aujourd’hui. Le cuivre, élément essentiel pour l’industrie électronique, subit déjà les premiers effets concrets du changement climatique.
Le Chili, qui domine le marché mondial avec environ 28 % de la production globale, ressent une pression accrue sur ses ressources hydriques. Cette tension freine la cadence d’extraction dans plusieurs mines. La situation n’est pas isolée : 17 pays clés, dont la Chine, l’Australie, le Pérou, le Mexique, les États-Unis, le Brésil, la République démocratique du Congo, la Zambie et la Mongolie, verront leurs réserves d’eau diminuer, provoquant des sécheresses régulières susceptibles de perturber la production de cuivre.
Le secteur des semi-conducteurs, déjà fragilisé par la pandémie de 2020, connaît ainsi un risque renouvelé de pénurie. À titre d’exemple, la dernière crise de l’offre de cuivre avait entraîné un ralentissement marqué dans la fabrication de composants électroniques, affectant notamment l’industrie automobile et les technologies de communication. Aujourd’hui, la hausse des températures et les épisodes climatiques extrêmes aggravent ce problème. Selon les estimations de PwC, le déficit en cuivre pourrait s’accentuer dès la fin de la prochaine décennie, menaçant la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Le déficit hydrique ne touche pas uniquement le Chili. En Australie, la sécheresse persistante affecte également les capacités d’exploitation minière. En Afrique, les conditions climatiques de plus en plus arides contraignent la production dans des pays comme la RDC et la Zambie, dont les réserves de cuivre sont stratégiques. En Chine, le plus grand consommateur mondial de cuivre, la gestion de l’eau devient aussi un défi majeur.
Le cuivre est un matériau indispensable à la transition énergétique et à la digitalisation. L’Agence internationale de l’énergie rappelle que la demande pour ce métal pourrait doubler d’ici 2040, portée par les véhicules électriques, les réseaux électriques intelligents et les infrastructures renouvelables. Si la production ne suit pas, les tensions sur les prix risquent de s’intensifier. Le London Metal Exchange indique déjà une hausse de 15 % du prix du cuivre sur les six derniers mois, signe que le marché anticipe ces difficultés.
Face à ce contexte, l’industrie minière explore des solutions pour limiter l’impact des contraintes climatiques : recyclage du cuivre, innovation technologique dans l’extraction et amélioration de la gestion des ressources en eau. Mais ces efforts pourraient ne pas suffire à compenser la baisse des disponibilités dans les zones les plus touchées.
En définitive, le lien entre climat et production de cuivre devient une donnée incontournable pour les acteurs économiques. L’équilibre fragile entre exploitation minière, environnement et besoins industriels nécessite des réponses adaptées et rapides, sous peine de freiner la croissance technologique mondiale.
— Peter MOYI






