Une récente circulaire émanant du ministre émirati de l’Énergie et des Infrastructures a annoncé l’interdiction pour les navires arborant le pavillon camerounais de naviguer dans les eaux des Émirats Arabes Unis (EAU) et d’accoster dans leurs ports. Cette décision, prise dans le cadre de l’administration maritime fédérale des EAU, s’inscrit dans une politique visant à limiter l’accès aux ports émiratis pour certains pavillons, dont celui de la République du Cameroun.
La circulaire stipule que les navires enregistrés sous le pavillon camerounais sont désormais inclus dans la liste restreinte des navires autorisés à faire escale dans les eaux et ports des Émirats arabes unis. Toutefois, une exception est prévue pour les navires classés par un membre de la classe IACS (Association internationale des sociétés de classification) ou par la société de classification des Émirats, Tasneef.
Cette restriction place le Cameroun aux côtés de huit autres nations figurant sur la liste noire des Émirats Arabes Unis, parmi lesquelles l’Albanie, le Belize, la Corée du Nord, Sao Tomé-et-Principe, la République du Congo, la Guinée Équatoriale et la Tanzanie.
Bien que la circulaire gouvernementale n’expose pas explicitement les motifs de cette mesure à l’encontre de la première économie de la CEMAC, des sources avancent que les autorités d’Abou Dhabi soupçonneraient l’utilisation du pavillon camerounais par des navires russes pour contourner les sanctions occidentales sur le pétrole russe.
Selon Bloomberg, depuis la mise en place du plafonnement des prix du pétrole brut et des produits raffinés russes par le G7, la Russie aurait recours à des pavillons moins connus pour expédier ses matières premières, générant ainsi ce que l’on qualifie de « flottes fantômes », un phénomène critiqué par l’Occident.
« Bien que la flotte de pétroliers immatriculée au Cameroun soit relativement modeste, la majorité de ces navires ont été déployés vers la Russie au cours de la dernière année. Parmi les 14 transporteurs pétroliers arborant le pavillon camerounais et suffisamment petits pour collecter du pétrole dans les ports russes, 11 l’ont fait au cours des 12 derniers mois« , rapporte Bloomberg.
Jusqu’à présent, les autorités camerounaises n’ont pas réagi à cette restriction, qui pourrait potentiellement refroidir les relations commerciales entre les deux pays. Cependant, l’impact sur l’économie camerounaise devrait rester limité, les EAU ne figurant pas parmi les principaux partenaires commerciaux de la nation africaine. Les observateurs avertissent néanmoins que cette situation mérite une surveillance attentive, en particulier dans le contexte des dynamiques économiques mondiales actuelles.