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Manono, RDC : Zijin s’apprête à redéfinir le paysage du Lithium avec un investissement de 33,44 Millions de dollars

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Par Mitterrand Masamuna, Journaliste économique

29 octobre 2023 – Kinshasa

Dans un énoncé officiel publié le 23 octobre, le puissant conglomérat minier chinois, Zijin Mining Group, a annoncé avoir obtenu l’approbation des autorités congolaises pour entamer l’exploration et le développement du gigantesque gisement de lithium de Manono, situé dans le sud-est de la République Démocratique du Congo (RDC). Cette annonce, revêtant une importance capitale dans le paysage économique international, promet de transformer la RDC en un acteur majeur de l’industrie du lithium.

Sur le plan opérationnel, le projet sera supervisé par la société Congolaise d’Exploitation Minière, mieux connue sous le nom de Cominière, une coentreprise contrôlée à hauteur de 61 % par Jinxian Lithium, une filiale de Zijin, et à hauteur de 39 % par l’État congolais. Le gisement de Manono, aux proportions phénoménales, est non seulement le plus grand gisement de lithium en RDC, mais il compte également parmi les plus vastes réserves inexploitées de lithium à l’échelle mondiale. Selon les dernières estimations, il renferme pas moins de 400 millions de tonnes de ressources minérales.

S’exprimant sur cette avancée significative, la société cotée en bourse à Hong Kong a déclaré : « La mine de lithium de Manono est l’un des plus grands gisements de pegmatite riches en lithium, lithium-césium-tantale, jamais découvert au monde, pouvant être exploité dans une mine à ciel ouvert. Si les études d’exploration et de faisabilité se déroulent conformément aux prévisions, cela ouvre la voie à un potentiel considérable pour devenir le premier projet de production de lithium en Afrique pour Zijin, et en particulier en RDC. »

L’accord conclu avec l’État congolais prévoit que la filiale de l’entreprise chinoise supervisera l’exploration, la construction et l’exploitation du projet, tout en ayant la responsabilité de mobiliser les fonds nécessaires pour financer les travaux. Il est à noter que Zijin a déjà confirmé son engagement financier à hauteur de 33,44 millions de dollars pour l’acquisition de 61 % des intérêts dans le projet, et de 70 millions de dollars destinés à soutenir les efforts humanitaires en faveur des populations affectées par le développement du projet.

En ce qui concerne la mise en œuvre proprement dite, la société a annoncé son intention de lancer les travaux d’exploration « dès que possible » et de finaliser la construction de la mine dans un délai de deux ans, une fois que l’étude de faisabilité sera achevée et les financements sécurisés.

Cette annonce signifie, de facto, la mise à l’écart de la société AVZ Minerals, qui travaillait sur ce projet depuis 2016. Le permis qui avait initialement été attribué à cette entreprise minière australienne a été révoqué par les autorités de Kinshasa, qui ont estimé que la progression du projet accusait des retards importants. En réponse, AVZ Minerals a engagé une procédure d’arbitrage auprès du Centre International de Règlement des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI), en juin de cette année, alléguant que la RDC n’avait pas respecté les obligations qui découlaient de son code minier. Cette procédure est toujours en cours auprès de cette institution affiliée au groupe de la Banque Mondiale.

Le défi imminent auquel la RDC devra faire face est la transformation locale des matières premières. Le lithium, élément essentiel à la fabrication des batteries pour véhicules électriques, est aujourd’hui l’un des métaux les plus convoités au sein de l’industrie automobile. Le projet Manono pourrait bien devenir le premier projet de production de lithium en RDC, faisant de ce pays un acteur clé dans la transition énergétique mondiale. Actuellement, la RDC est déjà le premier producteur mondial de cobalt et le quatrième producteur mondial de cuivre, deux matériaux essentiels pour la fabrication de véhicules électriques et d’infrastructures liées aux énergies renouvelables.

Cependant, Kinshasa ambitionne d’aller plus loin que la simple extraction de ces matières premières et envisage désormais de les transformer sur place. Lors du DRC-Africa Business Forum qui s’est tenu en novembre de l’année précédente, le président Félix Tshisekedi a exprimé la volonté de mettre en place une usine de production de batteries sur le sol congolais. Pour donner corps à cette vision, Kinshasa devra attirer des partenaires financiers de renom, un défi de taille dans un secteur d’une importance stratégique croissante.

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