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Marché des obligations en RDC : 164,9 % de couverture en devises, contre 8,86 % en monnaie locale

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La dernière adjudication des Obligations du Trésor en République Démocratique du Congo (RDC), tenue le 26 novembre 2024, dévoile des dynamiques contrastées qui suscitent des interrogations sur les priorités et les choix stratégiques en matière de gestion des finances publiques. Si le marché en devises étrangères a séduit, les résultats des émissions en Francs congolais montrent une réalité économique plus complexe.

Sur une émission prévue de 70,0 milliards de Francs congolais (CDF), seulement 5,04 milliards de CDF ont été retenus, représentant un faible taux de couverture de 8,86 %. Malgré des souscriptions totales de 6,20 milliards de CDF présentées par les banques, une partie des montants soumis n’a pas été acceptée. Ce décrochage met en évidence une prudence accrue des investisseurs locaux, influencée par une conjoncture marquée par des taux d’intérêt élevés et des incertitudes persistantes.

Cependant, le tableau est tout autre sur le marché des obligations en devises étrangères. Le Gouvernement a réussi à mobiliser 75,0 millions USD, dépassant l’objectif fixé à 70,0 millions USD avec un taux de couverture exceptionnel de 164,9 %. Cette performance, amplifiée par des souscriptions atteignant 115,4 millions USD, confirme l’attrait des investisseurs pour des titres jugés plus stables en raison de leur indexation au dollar américain.

Ce double résultat met en lumière une problématique centrale : comment rétablir l’équilibre entre les obligations en monnaie locale et celles en devises étrangères, tout en répondant aux besoins pressants de financement public ?

La pression exercée par la dette publique congolaise devient chaque jour plus palpable. Au 27 novembre 2024, les remboursements cumulés des Bons et Obligations du Trésor s’élèvent à 1.338,6 milliards de CDF, un chiffre qui illustre le poids croissant des engagements financiers du pays. Parallèlement, l’encours global des titres publics atteint 3.335,6 milliards de CDF, un niveau qui appelle à une gestion budgétaire extrêmement prudente.

Pour répondre à ces défis, plusieurs pistes émergent. Les experts soulignent la nécessité de renforcer les capacités de collecte des recettes publiques et de rationaliser les dépenses pour réduire le déficit budgétaire sans compromettre les investissements essentiels. Mais au-delà des mécanismes techniques, il est crucial pour le Gouvernement de restaurer la confiance des investisseurs. Une communication transparente sur les orientations budgétaires et une gestion proactive des engagements financiers pourraient inverser la tendance observée sur le marché des obligations en Francs congolais.

Les résultats de cette adjudication, bien que contrastés, tracent une ligne claire : la RDC doit trouver un équilibre stratégique pour mobiliser efficacement ses ressources tout en maîtrisant l’évolution de sa dette. L’avenir de l’économie nationale dépendra de cette capacité à conjuguer attractivité pour les investisseurs et stabilité financière.

Peter MOYI.

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