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Minerais 3T : 9 exportations sur 10 depuis le Rwanda proviennent illégalement de la RDC

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Dans une nouvelle étude percutante, l’ONG Global Witness révèle que près de 90% des minerais dits « 3T » (coltan, étain et tungstène) exportés par le Rwanda seraient illégalement introduits à partir de la République Démocratique du Congo. Ce commerce clandestin soulève de sérieuses questions sur la transparence des chaînes d’approvisionnement mondiales, et insister sur le fait de l’importance économique de ce secteur minier pour la région des Grands Lacs, tout en dévoilant ses failles.

Le poids des minerais dans l’économie régionale

Les minerais 3T sont au cœur de l’économie Rwandaise et Congolaise, représentant une part énorme des exportations nationales. Au Rwanda, où le secteur minier constitue environ 5% du PIB, le commerce des minerais 3T est une source importante de devises. L’exportation de ces matières premières contribue de manière non négligeable à la balance commerciale du pays. Cependant, la dépendance croissante du Rwanda vis-à-vis des minerais en provenance de la RDC pose de sérieux mise en matière de régulation.

En RDC, les minerais représentent également une manne financière importante pour le pays. Le coltan, l’étain et le tungstène sont des matières premières stratégiques, utilisées dans l’industrie électronique mondiale pour la fabrication de smartphones, d’ordinateurs, et de dispositifs automobiles. Le pays détient environ 80% des réserves mondiales de coltan, un actif minier essentiel dont les revenus pourraient booster les infrastructures économiques locales s’ils étaient exploités de manière responsable et légale.

Une chaîne de traçabilité défaillante

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L’étude de Global Witness met en cause l’Initiative de la chaîne d’approvisionnement de l’étain (ITSCI), censée garantir une traçabilité fiable des minerais dans la région. L’ONG critique la mauvaise application de ce mécanisme, le qualifiant de « facilitateur » de contrebande à grande échelle. En effet, bien que les minerais exportés par le Rwanda soient présentés comme « propres », leur origine réelle est souvent floue, créant ainsi une distorsion sur le marché international des matières premières.

Selon l’enquête, des entreprises comme Minerals Supply Africa (MSA) ont pu continuer à exporter d’importants volumes de minerais 3T frauduleux, et ce, sans rencontrer d’obstacles significatifs. En conséquence, des centaines de millions de dollars de minerais illégaux sont blanchis chaque année à travers des canaux formels, faussant ainsi la valeur des minerais sur les marchés internationaux.

Un manque de transparence qui affecte les marchés

Le Rwanda a vu sa production minière officiellement augmenter, mais cette hausse est largement attribuable à l’importation illégale de minerais provenant de la RDC. Le gouvernement rwandais est conscient que cette situation gonfle artificiellement les statistiques de production. Pourtant, ni Kigali ni les autorités du programme ITSCI ne publient de données détaillées à l’échelle des mines, laissant les observateurs dans le flou quant à l’origine réelle des minerais.

Le manque de transparence dans la gestion des flux miniers affecte non seulement la réputation du Rwanda, mais aussi les cours internationaux des métaux concernés. L’augmentation de l’offre due à la contrebande contribue à une baisse artificielle des prix sur les marchés internationaux, ce qui a des conséquences directes sur la rentabilité des exploitations légales, notamment en RDC, où les petits mineurs peinent à rivaliser avec les minerais introduits frauduleusement.

Les répercussions pour les multinationales

Sur le plan financier, les entreprises internationales, parmi lesquelles des géants comme Apple, Intel, Motorola et Samsung, se retrouvent impliquées malgré elles dans ce commerce illicite. Depuis 2013, plusieurs d’entre elles ont été alertées sur les risques d’approvisionnement en minerais issus de la contrebande, mais les preuves collectées par Global Witness suggèrent que ces avertissements n’ont pas toujours été pris en compte.

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Les chaînes d’approvisionnement étant de plus en plus surveillées, notamment après l’introduction de réglementations comme la loi Dodd-Frank aux États-Unis, ces entreprises sont désormais confrontées à un dilemme : comment garantir une traçabilité irréprochable tout en continuant à répondre à la demande mondiale croissante pour les appareils électroniques ? Une rupture dans la chaîne d’approvisionnement pourrait avoir des conséquences économiques essentielle, notamment une augmentation des coûts de production et des perturbations dans la disponibilité des produits électroniques sur les marchés mondiaux.

Blanchiment massif et travail d’enfants

L’étude met également en lumière des pratiques inacceptables dans les zones minières concernées, notamment l’implication d’enfants dans l’extraction de ces minerais. Global Witness souligne que des minerais extraits de mines non validées par les autorités, parfois sous le contrôle de groupes armés, sont mélangés à ceux des mines « légitimes » avant d’être exportés. Ce mélange rend extrêmement difficile l’identification des sources d’approvisionnement illicites et fait peser un risque économique et moral sur les multinationales qui achètent ces minerais.

La région de Nzibira, dans le Sud-Kivu, illustre bien ces dérives. En 2020, ce centre de négoce a étiqueté environ 83 tonnes de minerais 3T, alors que moins de 20% provenaient de mines validées. Cette pratique de « blanchiment » de minerais soulève des inquiétudes quant à l’efficacité du programme ITSCI et sa capacité à réellement garantir une chaîne d’approvisionnement propre.

Perspectives économiques et appel à une meilleure régulation

Face à cette situation, Global Witness appelle à une régulation plus stricte et à une plus grande transparence dans les chaînes d’approvisionnement en minerais. Le secteur minier, particulièrement en Afrique centrale, représente une source de revenus considérable pour les économies locales. En 2023, la RDC et le Rwanda représentaient à eux seuls près de la moitié de la production mondiale de coltan, une matière première essentielle à la technologie moderne.

L’enjeu économique est donc de taille. Une gestion plus transparente des ressources minières pourrait non seulement améliorer les recettes fiscales de ces pays, mais aussi renforcer la confiance des investisseurs étrangers dans un secteur souvent perçu comme opaque et risqué. En ce sens, un effort collectif des gouvernements, des entreprises multinationales et des organismes internationaux est indispensable pour transformer cette ressource naturelle en un véritable moteur de développement économique, tout en respectant des standards éthiques et environnementaux.

M. KOSI

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