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Nickel : l’Indonésie domine le marché mondial avec une part de 52%

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La Nouvelle-Calédonie est en proie à une crise profonde, marquée par des émeutes violentes déclenchées le 13 mai dernier, principalement par des indépendantistes kanaks s’opposant à une réforme constitutionnelle. Cette crise politique est exacerbée par une crise économique majeure liée au secteur du nickel, qui constitue l’épine dorsale de l’économie calédonienne.

La découverte du nickel en 1864 dans l’archipel mélanésien a marqué le début d’une industrie qui représente aujourd’hui une part significative des réserves mondiales, entre 20 et 30%, et qui produit 8% du nickel transformé à l’échelle mondiale. Cependant, cette filière traverse une crise profonde depuis plus d’une décennie, avec des répercussions sociales et économiques considérables. La production a chuté de 32% au premier trimestre, et le géant français Eramet a enregistré une baisse de ses ventes de 50% en raison des difficultés persistantes de sa filiale Société Le Nickel (SLN), le principal employeur local.

Cette crise du nickel est largement due à la surabondance de l’offre en provenance d’Indonésie, premier producteur mondial, dont la part de marché est passée de 25% à 52% entre 2018 et 2023. Cette domination indonésienne a rendu une grande partie des acteurs traditionnels non compétitifs pour l’avenir, selon la PDG d’Eramet, Christel Bories. La pandémie et les tensions géopolitiques ont également contribué à accentuer la chute des cours du nickel.

La situation est d’autant plus préoccupante que le nickel est essentiel pour l’économie calédonienne, employant jusqu’à 25% de la population active et représentant la quasi-totalité des exportations de l’île. Les trois usines en activité génèrent 10% du PIB et un quart de l’emploi privé, et une faillite aurait des conséquences dramatiques, menaçant jusqu’à 70 000 emplois.

Face à cette crise, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a présenté un plan de sauvetage de la filière calédonienne de 200 millions d’euros, le « Pacte nickel ». Ce plan a cependant suscité des inquiétudes parmi les élus calédoniens, notamment en ce qui concerne l’effort financier demandé aux collectivités et les demandes d’assouplissement des restrictions concernant l’exportation de minerai de nickel brut. Des collectifs d’habitants ont bloqué plusieurs sites miniers en signe de protestation, et le groupe indépendantiste UC-FLNKS et nationaliste a appelé à la création d’une Organisation des pays producteurs de nickel (Open) pour peser sur le marché et tenter de stabiliser les cours.

La situation reste tendue, avec des émeutes ayant déjà causé cinq morts, dont deux gendarmes, et l’instauration de l’état d’urgence par Emmanuel Macron. Le feuilleton autour du nickel en Nouvelle-Calédonie continue, avec le ministre de l’Économie et des Finances appelant les différentes parties concernées à signer le plan de redressement de la filière nickel d’ici la fin mars, plan qui est en négociation depuis plusieurs mois.

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