Les offres sont désormais scellées. À Kinshasa, ce lundi 5 mai 2025, le ministère du Commerce extérieur a officiellement clôturé la dernière session de réception et d’ouverture des plis concernant les entreprises candidates à la réalisation d’infrastructures stratégiques dans l’Est du pays. Ces travaux, attendus de longue date, s’inscrivent dans le cadre du Projet de facilitation du commerce et d’intégration dans la région des Grands Lacs (PFCIGL).
Le cœur du projet repose sur un objectif clair : fluidifier les échanges commerciaux dans une zone frontalière vitale, à commencer par la province du Sud-Kivu. Cinq chantiers prioritaires sont ciblés : le marché moderne et le poste frontalier de Kamanyola, les postes de Kavimvira, Rubenga et Nyamoma, sans oublier le port de Kalundu, point stratégique pour les flux marchands entre la RDC, le Rwanda et le Burundi.
La session, cinquième et ultime du processus, s’est tenue sous haute surveillance. En plus des représentants des entreprises candidates, des membres des ministères des Finances, des Infrastructures et des Travaux Publics, tous membres du comité interministériel du PFCIGL, ont pris part aux travaux. Une manière de garantir un processus rigoureux, dans un climat de confiance et de transparence, comme l’ont confirmé plusieurs observateurs présents.
Le coordinateur du projet, Thierry Kayembe, a salué cette étape décisive. Il annonce que les offres déposées seront examinées par une commission technique d’analyse et d’évaluation, disposant d’un délai de deux semaines. Ensuite, les résultats seront soumis à la commission des marchés pour validation formelle, avant d’être transmis à la Banque mondiale, bailleur du projet, pour obtenir l’avis de non-objection, condition indispensable à la signature finale des contrats.
Les travaux de modernisation devraient débuter entre la mi-juin et le début juillet 2025. Un calendrier ambitieux, mais stratégique, pour dynamiser une région où le commerce informel représente encore plus de 70 % des échanges économiques locaux, selon les estimations de la Banque africaine de développement.
L’initiative s’inscrit dans une logique régionale : la zone des Grands Lacs reste l’un des bassins commerciaux les plus densément peuplés et interconnectés du continent, avec des flux estimés à plusieurs centaines de millions de dollars chaque année. Toutefois, le manque d’infrastructures adéquates – routes, ports, postes de contrôle – freine les échanges, alourdit les coûts logistiques et fragilise les chaînes d’approvisionnement, notamment pour les petits commerçants transfrontaliers, majoritairement des femmes.
En misant sur la réhabilitation ciblée de ces points névralgiques, les autorités congolaises, appuyées par la Banque mondiale, espèrent réduire les délais de passage aux frontières, améliorer la traçabilité des flux et sécuriser les recettes douanières. Une étape technique qui pourrait à terme repositionner le Sud-Kivu comme un corridor commercial compétitif, en lien avec le corridor central reliant le port de Dar es Salaam à l’Est du Congo.
Reste désormais à voir si les délais seront respectés et si l’exécution des travaux tiendra les promesses d’une transformation durable du commerce local. Les prochains mois permettront de mesurer l’impact réel de cette initiative sur le terrain.
— M. KOSI