Le chantier du barrage hydroélectrique de Katende, à l’arrêt pendant des années, entre à nouveau en phase active. Si les délais sont respectés, deux turbines de 16 mégawatts chacune devraient entrer en service d’ici 24 mois, injectant 32 mégawatts dans le réseau de la province du Kasaï Central. Une ligne haute tension permettra ensuite d’acheminer cette énergie jusqu’à Kananga, capitale provinciale.
Une réunion s’est tenue à Kinshasa sous la direction du ministre des Ressources hydrauliques, Teddy Lwamba. Autour de la table : les représentants de la société contractante GCK, l’ingénieur-conseil, le comité de suivi ainsi que l’équipe de pilotage. L’objectif : relancer de manière structurée un projet longtemps ralenti, parfois oublié, dans un pays où seulement 19 % de la population a accès à l’électricité selon les derniers chiffres de la Banque mondiale.
Lady Mukendi, directeur de la société Ecoenergy, bureau conseil du projet, a confirmé que la première phase vise un horizon de deux ans, tandis que la finalisation complète – incluant l’ensemble des installations et raccordements – pourrait s’étendre sur quatre ans. « Tout est mis en place pour que la rigueur soit respectée », a-t-il précisé, saluant la mobilisation financière de l’État congolais.
Le gouvernement a débloqué des fonds spécifiques et engagé des cabinets d’ingénierie pour garantir un encadrement technique constant. Ce renforcement institutionnel répond aux critiques récurrentes sur le manque de suivi dans les projets d’infrastructure énergétique, souvent retardés par l’absence de financement stable ou de supervision efficace.
Dans un contexte où la demande en électricité explose, cette relance représente bien plus qu’un simple projet régional. Elle pourrait aussi renforcer la capacité énergétique nationale, actuellement estimée à environ 2 500 MW de potentiel exploitable, dont moins de 15 % sont réellement utilisés, selon les données de l’Agence congolaise de développement.
Ce projet répond à une promesse faite à la population du Grand Kasaï, une région encore très peu connectée au réseau national. Le barrage de Katende, construit sur la rivière Lulua, vise à corriger ce déséquilibre énergétique et à soutenir à la fois les foyers domestiques et les petites industries locales.
À travers cette relance, les autorités cherchent aussi à matérialiser une volonté politique affichée depuis 2019 : l’élargissement de l’accès aux services de base, notamment l’eau et l’électricité, en s’appuyant sur des projets à fort ancrage local. L’un des paris du président Félix Tshisekedi est de réduire la fracture énergétique entre l’Ouest, mieux desservi, et le Centre, souvent négligé dans les grands plans d’investissement public.
Si le projet Katende tient ses promesses, il pourrait devenir une vitrine de ce que des partenariats publics bien structurés peuvent accomplir dans les zones longtemps restées en marge des investissements énergétiques.
— M. KOSI