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Recyclage des batteries : une usine de 20 000 tonnes par an prévue à Bruyères-sur-Oise d’ici 2027

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Un nouveau virage s’esquisse dans le secteur du recyclage industriel en France. Le groupe Derichebourg, acteur connu de la valorisation des métaux et des déchets complexes, s’associe à LG Energy Solution, géant sud-coréen des batteries, pour lancer une coentreprise spécialisée dans le traitement des batteries usagées. Objectif : produire de la black mass, cette matière précieuse extraite du broyage des cellules lithium-ion, riche en nickel, cobalt, manganèse et lithium.

L’usine sera construite à Bruyères-sur-Oise, dans le département du Val-d’Oise. Le chantier débutera en 2026, après les étapes administratives nécessaires, pour une mise en service prévue courant 2027. D’une capacité annuelle de traitement de 20 000 tonnes, l’installation marquera une avancée stratégique dans l’économie circulaire appliquée à la mobilité électrique.

Le montant de l’investissement reste confidentiel. Mais le modèle retenu repose sur un partage d’expertise et de flux. Derichebourg mettra à disposition son savoir-faire industriel en matière de recyclage tandis que LG Energy Solution, dont les gigafactories alimentent une grande partie du marché des véhicules électriques, assurera l’approvisionnement en batteries usagées. Cette alliance vise à sécuriser un approvisionnement local en matières premières critiques, tout en répondant aux contraintes réglementaires européennes sur la traçabilité et le traitement des déchets électroniques.

Derrière cette opération, c’est un enjeu économique structurant qui se dessine. En Europe, les besoins en métaux pour batteries explosent. Le Parlement européen a voté en juillet 2023 le règlement sur les batteries, imposant des quotas croissants de contenu recyclé dans les nouvelles cellules produites : 16 % de cobalt, 6 % de lithium et 6 % de nickel dès 2031. Cette obligation rend le recyclage industriel non seulement pertinent, mais indispensable.

Les usines de black mass se multiplient dans l’espace européen. Outre Umicore en Belgique ou Northvolt en Suède, la France veut rattraper son retard. Cette initiative portée par Derichebourg et LG Energy s’inscrit dans cette dynamique, avec une double ambition : réduire la dépendance aux importations de matières critiques — dont la Chine reste le principal fournisseur mondial — et structurer une filière nationale capable d’absorber la montée en puissance du marché des véhicules électriques.

Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, le nombre de véhicules électriques en circulation dans le monde devrait passer de 16 millions en 2021 à plus de 200 millions d’ici 2030. Cette croissance exponentielle génère une pression sur les chaînes d’approvisionnement mais ouvre aussi une opportunité industrielle majeure pour les entreprises capables d’organiser le retour matière à grande échelle.

Derichebourg, de son côté, renforce ainsi sa présence dans les nouvelles frontières du recyclage. En intégrant la black mass dans son portefeuille, l’entreprise anticipe une demande croissante pour des solutions de traitement locales, en circuit court, alignées sur les exigences de durabilité.

Avec ce projet, Bruyères-sur-Oise pourrait devenir l’un des pôles industriels du recyclage de batteries en France. Un site qui portera en lui la transition industrielle du pays, entre décarbonation, autonomie stratégique et mutation technologique.

M. KOSI

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