RDC : la BCC assume une « correction » du franc congolais et détaille ses effets budgétaires

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Devant la commission Écofin, le Gouverneur de la BCC a soutenu que le renforcement du franc congolais résulte d’une rectification technique d’une sous-estimation de la réserve obligatoire en 2023. Impact immédiat : des recettes en CDF comprimées par la nouvelle parité, des charges publiques en devises allégées et un risque de tension de trésorerie si la masse salariale n’est pas contenue.

Budget, prix, salaires : ce qui change avec un franc plus fort

Le message central est monétaire et comptable. La Banque centrale affirme ne pas « fabriquer » l’appréciation : elle corrige un désalignement né d’une mauvaise estimation de la réserve obligatoire sur dépôts en devises en 2023. Le taux indicatif, rappelle l’institution, reste une moyenne pondérée des achats/ventes interbancaires, reflet de l’offre et de la demande.

Recettes. Un franc plus fort réduit mécaniquement la contre-valeur en CDF des bases taxées en USD (droits de douane, fiscalité liée au commerce extérieur). La perte de traduction peut être atténuée par des mesures de rendement rapide : fin des allègements sur 10 produits de première nécessité, reprise des exportations de cobalt — environ 50 000 USD la tonne — et poursuite des réformes de collecte, dont la facture normalisée et l’encadrement des jeux d’argent. L’objectif est d’élargir l’assiette et d’améliorer le recouvrement pour compenser l’effet de change.

Dépenses. À l’inverse, la facture en devises recule avec un CDF plus ferme : service de la dette extérieure et achats publics importés, y compris sécuritaires. Cette dernière rubrique pèse 32 % des recettes courantes selon l’estimation citée, ce qui procure un allégement immédiat en change sur ces lignes.

Salaires publics. La revalorisation réelle des rémunérations versées en CDF est actée. Le signal d’alerte porte sur la trajectoire de l’enveloppe : l’état liquidatif du 4ᵉ trimestre 2025 aurait gonflé d’environ 30 milliards CDF par mois. Sans arbitrage, la trésorerie pourrait être sous contrainte entre décembre 2025 et fin mars 2026. La discipline sur la masse salariale conditionne la conservation du gain de pouvoir d’achat issu de la nouvelle parité.

Transmission aux prix. Dans une économie dollarisée, les ménages payés en CDF doivent bénéficier d’une baisse des prix importés si la parité se répercute correctement. Ceux dont les revenus sont fixés ou indexés en USD ne devraient pas voir leur pouvoir d’achat s’éroder par le seul effet du taux de change. Le ministère de l’Économie est interpellé sur la surveillance des marges et la correction des rigidités de court terme qui retardent l’ajustement.

Monnaie et réformes. La BCC indique travailler à rendre le CDF plus attractif et à favoriser le dénouement des transactions en monnaie locale. Le point stratégique reste réel-économie : élargir l’offre domestique et la base exportatrice pour réduire durablement la pression sur le change. Produire localement là où la compétitivité-coût et l’avantage comparatif existent limite la dépendance aux importations et stabilise le compte extérieur.

— Peter MOYI

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