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RDC : le Sénat suspend le débat sur les gisements inactifs de Sominki et Sakima

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Deux entreprises minières, Sominki et Sakima, détentrices de concessions stratégiques à l’Est du pays, sont restées figées dans l’inaction depuis plusieurs années. Malgré la présence de l’État congolais dans leur capital, aucune activité productive n’a été relancée. Ce constat a été porté devant le Sénat le 7 mai 2025 par le sénateur Célestin Vunabandi, inquiet de voir des gisements gelés alors que les communautés riveraines restent plongées dans la pauvreté.

Sominki et Sakima disposent de titres miniers couvrant des zones réputées riches en or et autres ressources convoitées. Pourtant, ni extraction, ni développement local. Cette absence d’exploitation empêche toute retombée économique pour les populations concernées, et freine les recettes potentielles pour l’État. En toile de fond, une interrogation persistante : pourquoi ces actifs restent-ils inertes dans un pays qui dépend à plus de 90 % des recettes minières pour ses exportations ?

La tentative du sénateur Vunabandi d’ouvrir un débat parlementaire sur cette inactivité a été stoppée net. Le sénateur Jean-Paul Boketchu, par une motion incidentielle, a demandé le report du débat, arguant que des discussions sensibles sont actuellement en cours entre Kinshasa et Washington. Ces échanges porteraient sur l’exploitation conjointe de minerais stratégiques, dans un contexte mondial tendu autour de la transition énergétique. Résultat : 29 voix pour le report, 27 contre, et 7 abstentions. Le sujet est donc suspendu.

Les tensions entre logique géopolitique et attentes de développement local se cristallisent dans ce dossier. L’inertie des projets comme Sakima ou Sominki n’est pas qu’une affaire économique ; elle touche aux équilibres de souveraineté sur les ressources critiques, notamment l’or, le coltan ou le lithium. Les États-Unis, soucieux de sécuriser leur approvisionnement en dehors de la Chine, négocient activement des partenariats avec des pays comme la RDC. Mais à quel prix pour les populations locales, souvent privées des dividendes de cette richesse ?

Le renvoi du débat laisse une question en suspens : l’inaction des entreprises concernées est-elle stratégique ou symptomatique d’un blocage politique plus profond ? En l’absence de clarté, les communautés riveraines de ces concessions continueront de vivre à proximité de ressources dormantes, sans eau, sans infrastructures, sans emploi. Une équation qui renvoie à l’échec de la valorisation des actifs publics, alors que l’État en est actionnaire.

M. KOSI

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