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Pression budgétaire : le FMI exige plus de transparence et moins de dépenses non essentielles

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L’année 2025 ne se déroulera pas selon les prévisions établies fin 2024. L’inflation persistante, la pression sur le franc congolais et l’essoufflement des recettes minières ont contraint le gouvernement à revoir ses équilibres financiers. Pour accompagner cette réorientation, une délégation du Fonds Monétaire International, dirigée par Calixte Ahokpossi, a été reçue au Sénat pour faire le point sur le programme en cours et examiner les ajustements prévus dans le projet de loi des finances rectificative.

Selon les estimations du FMI, la trajectoire macroéconomique initialement envisagée par Kinshasa ne tient plus. La croissance est attendue à un niveau inférieur aux 6,7 % prévus, tandis que les besoins de financement internes s’alourdissent. Dans ce contexte, les discussions ont porté sur trois axes : une augmentation des recettes fiscales, une meilleure priorisation des dépenses publiques, et une réallocation des ressources vers des secteurs à effet multiplicateur plus immédiat.

L’institution de Bretton Woods a insisté sur l’urgence de contenir les dépenses non essentielles, notamment celles liées aux subventions non ciblées et à certains investissements publics à faible rendement économique. Cette pression s’inscrit dans le cadre de la première revue du programme économique et financier appuyé par le FMI, dont la RDC est bénéficiaire depuis 2021.

Autre point central abordé lors de la rencontre : le rythme des réformes. Le FMI a réitéré ses attentes sur la gouvernance, particulièrement dans les secteurs des mines et des finances publiques. L’accent a été mis sur la publication systématique des contrats miniers, le suivi des revenus issus des exportations de cuivre et de cobalt, ainsi que sur le renforcement des contrôles a posteriori exercés par l’Inspection Générale des Finances (IGF).

La mission a également évoqué le rôle de la digitalisation dans la traçabilité des opérations fiscales, en saluant l’extension de la facturation électronique et l’interconnexion progressive des régies financières. Ces dispositifs, selon les techniciens du FMI, sont essentiels pour élargir l’assiette fiscale et limiter les pertes de recettes, qui atteignaient encore près de 1,5 % du PIB selon les données de 2023.

Du côté du Sénat, les échanges ont permis de réaffirmer l’adhésion des institutions congolaises au programme convenu avec le FMI. Le président de la chambre haute a exprimé sa volonté de soutenir les réformes par des lois adaptées et un suivi parlementaire renforcé, tout en alertant sur la nécessité d’aligner les politiques de rigueur avec les impératifs sociaux. Le réajustement budgétaire ne devra pas creuser davantage les inégalités ni ralentir les efforts de relance post-électorale, a-t-il souligné.

Alors que la session budgétaire rectificative s’annonce décisive, cette visite des experts du FMI marque une étape technique importante. Elle devra déboucher sur des arbitrages clairs entre rigueur, relance économique et soutien à la population, dans un contexte marqué par l’instabilité des marchés et l’incertitude politique interne.

M. KOSI

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