Les exportations d’or artisanal de la République démocratique du Congo ont connu une forte contraction en 2024, illustrant les tensions persistantes dans le secteur minier informel. Entre janvier et septembre, seulement 1,08 tonne d’or a été exportée, marquant un recul de 71 % par rapport à l’année précédente. Cette chute brutale révèle les défis structurels auxquels fait face l’exploitation artisanale de l’or, malgré les tentatives de régularisation du marché.
Au cœur de cette situation, le retrait de Primera Group, un opérateur émirati ayant formé une coentreprise avec l’État congolais en 2022, a provoqué un ralentissement des activités. Ce partenariat, initialement mis en place pour organiser et encadrer le commerce aurifère, n’a pas résisté aux tensions économiques et à l’environnement difficile du secteur. En 2023, les exportations de la province du Sud-Kivu avaient culminé à 5,07 tonnes. Un an plus tard, elles peinent à franchir la barre de 1,05 tonne, traduisant une perte significative de contrôle sur la filière officielle.
L’État congolais a depuis repris en main l’entreprise Primera Gold, rebaptisée DRC Gold Trading SA, et tente de relancer les exportations légales. L’objectif principal est d’encourager les exploitants artisanaux à abandonner les circuits informels, où la contrebande reste prédominante, au profit d’un système structuré garantissant une meilleure traçabilité des transactions. Toutefois, cette transition nécessite des efforts considérables, notamment en matière d’incitations financières et de renforcement des mécanismes de contrôle.
Selon les estimations officielles, la production aurifère artisanale de la RDC pourrait atteindre 150 tonnes sur cinq ans, générant un chiffre d’affaires dépassant les 12 milliards de dollars. Derrière ces projections, l’enjeu demeure : capter ces flux qui, pour l’instant, échappent au circuit officiel, privant ainsi l’État de recettes fiscales substantielles et fragilisant les communautés locales qui tirent leur subsistance de cette activité.
Alors que les autorités multiplient les initiatives pour réorganiser le marché, la réussite de cette réforme dépendra de la capacité du gouvernement à instaurer un climat de confiance avec les petits producteurs. L’adhésion des acteurs locaux et l’instauration de garanties économiques solides seront déterminantes pour réduire les pertes liées à la contrebande et assurer une meilleure redistribution des richesses issues de l’or artisanal.
— M. KOSI