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L’or illégal : un gouffre financier pour l’Afrique du Sud

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En 2024, l’Afrique du Sud a vu s’échapper 60 milliards de rands (3,2 milliards de dollars) à cause de la contrebande d’or et d’autres métaux précieux. Ce chiffre, dévoilé par Gwede Mantashe, ministre des Ressources minérales et pétrolières, lors d’une conférence de presse le 23 janvier 2025, illustre l’ampleur d’un phénomène qui continue de saper les fondements économiques du pays.

Derrière ces pertes se cache une réalité complexe : celle des zamas-zamas, ces mineurs illégaux qui opèrent dans l’ombre, exploitant des sites abandonnés ou creusant clandestinement dans des zones reculées. Ces hommes et femmes, souvent poussés par la précarité, risquent leur vie pour extraire quelques grammes d’or, revendus à des réseaux criminels bien organisés.

Si le ministre a évoqué des pertes colossales, les détails sur la manière dont ces chiffres ont été calculés restent flous. Aucune précision n’a été fournie sur les volumes exacts d’or détournés ni sur les méthodes utilisées pour estimer ces pertes. Cette opacité laisse planer des doutes sur l’efficacité des mesures mises en place pour lutter contre ce fléau.

Les autorités sud-africaines ont néanmoins intensifié leurs efforts pour fermer les sites miniers illégaux. Sur les 6 100 mines recensées, environ 800 ont été neutralisées à ce jour. Ces opérations ont permis d’expulser de nombreux zamas-zamas et de sécuriser des zones stratégiques. Mais malgré ces actions, le problème persiste, alimenté par un chômage endémique et une pauvreté grandissante.

L’Afrique du Sud n’est pas seule dans cette situation. Plusieurs pays africains, riches en ressources minières, font face à des défis similaires. La contrebande de métaux précieux prive ces États de revenus essentiels et entrave leurs efforts de développement. Pour inverser la tendance, une coopération régionale et internationale est indispensable. Cela passe par un renforcement des législations, une meilleure surveillance des frontières et la mise en place de systèmes de traçabilité des minerais.

Mais au-delà des mesures répressives, il est crucial de s’attaquer aux causes profondes de ce phénomène. Offrir des alternatives économiques viables aux communautés dépendantes de l’exploitation illégale est une priorité. Des programmes de formation, de création d’emplois et de soutien aux petites entreprises pourraient contribuer à réduire l’attrait de ces activités illicites.

L’Afrique du Sud, avec son riche patrimoine minier, a les moyens de relever ce défi. Pour y parvenir, elle devra allier volonté politique, innovation et collaboration avec les acteurs locaux et internationaux. La route est longue, mais les enjeux sont trop importants pour être ignorés.

— M. MATUVOVANGA

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