Le gouvernement congolais a lancé, ce jeudi 5 juin 2025, une nouvelle génération de passeports biométriques, désormais proposés à un tarif officiel de 75 dollars. Ce montant marque une baisse sensible par rapport à l’ancien prix de 95 dollars, rarement respecté dans la réalité. Dans les faits, certains citoyens ont dû débourser jusqu’à 300 dollars pour obtenir le précieux document, à cause de pratiques opaques et de circuits parallèles bien connus du grand public.

Lors de la cérémonie de lancement tenue à Kinshasa, le tout premier passeport a été remis symboliquement au président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Ce lancement est l’aboutissement d’un processus engagé pour assainir la chaîne d’acquisition des passeports et garantir l’accessibilité, la transparence et la traçabilité des paiements.

Pour réussir cette transition, l’État a fait appel à EquityBCDC, l’une des banques les plus implantées dans le pays, notamment dans les zones à faible accès aux services financiers. La banque n’intervient pas uniquement comme prestataire logistique : elle facilite le paiement via ses canaux numériques et traditionnels, tout en assurant un suivi centralisé des transactions. Ce partenariat vise à éliminer les détournements fréquents signalés dans l’ancien processus et à renforcer la confiance des citoyens.

« Nous avons voulu casser l’ancien système qui encourageait les abus. Aujourd’hui, tout est informatisé, sécurisé et contrôlé, du paiement jusqu’à la livraison du passeport », a commenté un cadre du ministère des Affaires étrangères, présent lors de la cérémonie.

Le changement ne concerne donc pas uniquement le format du document, mais aussi l’ensemble du mécanisme de délivrance. La réforme inclut un référencement biométrique renforcé, une centralisation des demandes et un paiement unique effectué dans une institution financière certifiée. Ce mode opératoire devrait écarter les intermédiaires non autorisés, souvent à l’origine de l’inflation des coûts.

Selon plusieurs observateurs, l’intégration d’un acteur bancaire reconnu dans la chaîne de traitement atteste une évolution dans la gestion publique des services à la population. EquityBCDC, dont le réseau couvre aussi bien les grandes villes que l’intérieur du pays, devient un levier stratégique pour faire respecter les tarifs fixés par l’État. Cette démarche s’inscrit dans une logique plus large de digitalisation des services publics et de lutte contre la corruption.

La production et la distribution des nouveaux passeports sont désormais encadrées par une plateforme centralisée, interconnectée aux services du ministère de l’Intérieur, de l’ANR et des finances publiques. Les demandes se feront désormais sur présentation d’un reçu bancaire, ce qui empêche toute manipulation du tarif ou tentative d’extorsion.

Ce système, s’il fonctionne comme annoncé, pourrait devenir un modèle pour d’autres documents officiels souvent sujets à des dérives similaires, comme les permis de conduire ou les actes de naissance.

— Peter MOYI