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24,6 % de hausse des recettes publiques en 2024, mais un déficit budgétaire de 2 555 milliards CDF inquiète

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Le paysage économique actuel se déploie entre optimisme prudent et défis structurels. Tandis que la scène mondiale montre des signes de stabilisation, l’économie congolaise, portée par ses richesses naturelles, reste confrontée à des fragilités qui interrogent sur sa durabilité.

La croissance mondiale prévue pour 2025, estimée à 3,3 %, reflète une résilience accrue après des années marquées par des turbulences. L’amélioration des échanges internationaux, soutenue par un ralentissement de l’inflation, semble renforcer l’activité économique dans plusieurs régions. Toutefois, la Chine, longtemps moteur de cette évolution, affiche une légère décélération avec une croissance de 4,7 %, laissant présager des ajustements dans les stratégies commerciales globales. Les économies avancées, de leur côté, stabilisent leur inflation, grâce à des politiques monétaires rigoureuses, offrant un environnement plus prévisible pour les investisseurs. Mais cette image globalement positive cache des menaces bien réelles. Les tensions géopolitiques, amplifiées par des politiques protectionnistes, fragmentent les chaînes de valeur et limitent la coopération économique internationale. Parallèlement, le changement climatique continue d’imposer des contraintes sur les ressources naturelles et la production, ajoutant un facteur d’incertitude de plus en plus pesant.

Dans ce contexte, l’économie congolaise avance à un rythme soutenu, mais reste tributaire de ses ressources minières. Avec une croissance du PIB attendue à 6 % en 2024, le pays tire parti de la hausse des exportations de cuivre et de pétrole, des secteurs stratégiques qui représentent l’épine dorsale de ses recettes. Cette performance masque cependant une réalité plus complexe. La forte dépendance aux matières premières expose le pays à des fluctuations imprévisibles des marchés internationaux, rendant la stabilité économique vulnérable aux chocs externes. Le récent recul des réserves internationales, tombées à 6,19 milliards USD, limite la capacité de la Banque Centrale à amortir ces secousses, d’autant que la couverture des importations ne dépasse pas 2,36 mois. Sur le plan monétaire, le franc congolais oscille entre appréciation et dépréciation selon les marchés, accentuant les incertitudes pour les opérateurs économiques.

Pendant ce temps, les ménages congolais ressentent les pressions inflationnistes dans leur quotidien. En janvier, l’inflation cumulative s’est établie à 0,507 %, tirée principalement par l’augmentation des prix des produits alimentaires, qui représentent 64 % de cette hausse. Cette situation fragilise davantage un pouvoir d’achat déjà érodé, tandis que les efforts de stabilisation peinent à contenir les tensions sur les biens essentiels. Si les recettes publiques ont enregistré une hausse de 24,6 %, notamment grâce à une mobilisation accrue des obligations et bons du Trésor, le déficit budgétaire, qui atteint 2 555,6 milliards CDF, suscite des questions sur la soutenabilité de la dette. Les réformes budgétaires promises devront aller au-delà des simples déclarations pour garantir une gestion rigoureuse des dépenses et une allocation efficace des ressources.

Malgré une apparente stabilité macroéconomique, le système financier congolais reste marqué par des défis structurels. L’absence de transactions interbancaires en début d’année illustre un déficit de confiance entre les institutions financières. Cette situation limite l’intermédiation bancaire, essentielle pour stimuler l’investissement privé et soutenir les initiatives entrepreneuriales. La liquidité abondante dans le système, bien qu’encourageante, révèle également une utilisation inefficace des ressources disponibles, freinant le potentiel de croissance.

Face à ces défis, la RDC dispose néanmoins d’atouts importants pour redéfinir son modèle économique. Une diversification accrue des activités économiques, notamment dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie, pourrait réduire la dépendance excessive aux exportations minières. L’amélioration des infrastructures, combinée à des politiques visant à encourager l’investissement privé, serait également déterminante pour stimuler la productivité et élargir la base fiscale. La lutte contre les pressions inflationnistes nécessite par ailleurs des mesures ciblées, comme la subvention des produits de première nécessité, pour protéger les ménages les plus vulnérables et stabiliser la demande intérieure.

L’analyse fournie par la Banque Centrale du Congo met en lumière les efforts déployés pour maintenir un équilibre économique dans un environnement global incertain. Toutefois, ces efforts devront être accompagnés d’une meilleure coordination entre les acteurs publics et privés, ainsi que d’un renforcement des capacités institutionnelles. En privilégiant une approche proactive et inclusive, l’économie congolaise pourrait non seulement surmonter ses fragilités actuelles, mais également s’imposer comme un modèle de résilience en Afrique centrale.

Peter MOYI

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