Par Mitterrand Masamuna, Journaliste économique
La Côte d’Ivoire, incontestablement le titan mondial de la production de cacao, fait actuellement face à un défi économique majeur en matière de gestion des stocks au sein de son secteur de transformation. Une décision récente du Conseil du Café-Cacao (CCC) a jeté un éclairage inquiétant sur cette problématique.
Au cœur de cette nouvelle régulation, le CCC a annoncé que, durant la campagne principale s’étendant d’octobre à mars, les broyeurs de cacao se voient désormais contraints de respecter des limites strictes quant à la quantité de cacao qu’ils peuvent entreposer. Jusqu’à présent, une dérogation leur permettait de maintenir des réserves équivalant à 45 jours de production, garantissant ainsi une chaîne d’approvisionnement stable. Toutefois, Yves Brahima Koné, haut-responsable au CCC, a souligné que cette disposition ne saurait perdurer, principalement en raison de la prévision d’une récolte principale en baisse de 25%, conséquence de conditions météorologiques adverses.
Les principaux acteurs de cette industrie se montrent préoccupés face à cette nouvelle directive, conscient des possibles impacts sur leur capacité opérationnelle, d’autant plus que les coûts opérationnels en Europe sont en constante augmentation, en lien direct avec la flambée des prix de l’énergie.
L’abolition de cette dérogation suscite des réactions variées au sein de l’industrie, certains redoutant des retombées significatives sur les usines qui fonctionnaient à plein régime depuis deux ans. La question qui se pose est de savoir si le secteur de la transformation du cacao en Côte d’Ivoire pourra faire face à ce nouveau cadre réglementaire, sans compromettre sa compétitivité.
Il convient de noter que, malgré ces défis, la Côte d’Ivoire a fait montre d’une croissance significative de sa capacité de broyage de cacao au cours des dernières années. En effet, la capacité de broyage est passée de 706 000 tonnes en 2017 à 972 000 tonnes en 2022, un indicateur qui témoigne de la vitalité de cette industrie en dépit des obstacles à surmonter.
Cette nouvelle régulation pose indubitablement des questions cruciales quant à l’avenir de l’industrie du cacao en Côte d’Ivoire, et les acteurs devront s’adapter à ces nouvelles contraintes économiques tout en préservant leur capacité de production. Une situation à suivre de près, car elle pourrait bien influencer le marché mondial du cacao et les dynamiques économiques en jeu.