En République démocratique du Congo, le transport routier représente bien plus qu’un simple moyen de déplacement. Il incarne un levier stratégique pour relier les différentes régions du pays et stimuler la croissance économique. Lors d’une formation tenue récemment, Charles Mazinga, professeur des universités et expert en infrastructures, a mis en lumière l’urgence d’une réforme profonde pour dynamiser ce secteur clé.
Selon lui, atteindre une part modale de 75 % pour le transport des marchandises et 70 % pour celui des passagers permettrait de repositionner la route comme un vecteur central de la mobilité en RDC. Cette vision ambitieuse passe par des investissements ciblés et un engagement accru des opérateurs privés, notamment via des partenariats public-privé. Ces collaborations pourraient transformer la gestion des infrastructures routières tout en favorisant l’émergence de systèmes de transport collectif adaptés aux réalités locales.
Les défis, toutefois, sont immenses. La RDC souffre d’un réseau routier largement dégradé, hérité d’une histoire marquée par des conflits récurrents et un entretien insuffisant. Les grandes villes du pays, comme Lubumbashi, Kisangani ou Goma, restent difficilement accessibles depuis la capitale, Kinshasa, limitant ainsi les échanges commerciaux et la circulation des biens.
Malgré cette situation préoccupante, Mazinga reste optimiste sur le potentiel du transport routier à jouer un rôle structurant. Il souligne que ce secteur a historiquement prouvé sa capacité à relier les régions les plus isolées et à stimuler les échanges économiques. Toutefois, il insiste sur la nécessité de moderniser les infrastructures pour répondre aux exigences actuelles, tout en intégrant des solutions durables pour limiter l’impact environnemental.
Le professeur, qui a consacré une grande partie de sa carrière à analyser les dynamiques économiques et sociales du pays, insiste sur l’urgence d’agir. Pour lui, l’amélioration du réseau routier n’est pas seulement une question d’infrastructures, mais un enjeu majeur pour le développement des entreprises locales, la réduction des inégalités régionales et l’intégration des marchés nationaux et internationaux.
Au-delà des défis techniques, Mazinga met également en avant l’importance d’une gestion plus responsable et inclusive des ressources allouées au secteur. Pour lui, seule une approche globale, associant gouvernements, entreprises et citoyens, permettra de surmonter les obstacles actuels.
Alors que le monde évolue rapidement et que les flux commerciaux s’intensifient, la RDC ne peut se permettre de rester en marge. Le transport routier, bien qu’encore sous-exploité, dispose d’un potentiel énorme pour relancer l’économie et favoriser une croissance inclusive. Mais pour que cela devienne une réalité, des choix stratégiques doivent être faits dès aujourd’hui, avec une vision claire pour l’avenir.
— Peter MOYI






