Lors des récentes assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) à Nairobi, Akinwumi Adesina, président de la BAD, a réitéré une position forte sur la fiscalité des entreprises opérant en Afrique. « Toute entreprise qui travaille en Afrique et qui puise des ressources africaines doit payer l’impôt en Afrique », a-t-il déclaré. Cette affirmation survient dans un contexte où de nombreux pays africains continuent d’accorder des exonérations fiscales significatives aux entreprises étrangères, au détriment des ressources locales.
La BAD, célébrant son 60e anniversaire, a dévoilé sa stratégie décennale pour 2024-2033. Celle-ci renforce les initiatives « High 5 » de 2015 et s’aligne sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine, visant à une collaboration accrue avec le secteur privé africain et international. L’objectif est de tripler les opérations financières non souveraines pour atteindre 7,5 milliards de dollars par an, stimulant ainsi les investissements dans les entreprises et les chaînes de valeur à travers le continent.
Pour soutenir cette ambition, le conseil des gouverneurs de la BAD a approuvé une augmentation de capital de 117 milliards de dollars, portant le total à 318 milliards de dollars. Cette décision, la deuxième en cinq ans après celle d’octobre 2019, vise à renforcer la capacité de la banque à prendre des risques et à financer des projets ambitieux.
Adesina plaide également pour une réforme de l’architecture financière mondiale, insistant sur le fait que les institutions de Bretton Woods n’ont pas pris en compte les intérêts africains lors de leur création. Selon lui, les besoins financiers de l’Afrique dépassent 300 milliards de dollars par an. « L’Afrique devrait être au cœur de l’architecture financière mondiale », a-t-il affirmé.
En attendant une telle réforme, la BAD se concentre sur le secteur privé africain pour attirer des financements internationaux à des taux plus favorables. Adesina a souligné le rôle crucial du secteur privé dans l’adaptation aux changements climatiques, l’accès aux marchés des capitaux, le financement des entreprises et la fourniture d’infrastructures rentables.
La mobilisation des ressources internes à travers la fiscalité est également une priorité pour Adesina. Il a mis en avant l’importance de la lutte contre les flux financiers illicites et la corruption. « Un impôt est un contrat social entre une entreprise et le gouvernement. Les sociétés payent l’impôt et l’État fournit des services publics », a-t-il expliqué, mettant en lumière la nécessité d’une contribution équitable des entreprises étrangères.
Selon les perspectives économiques de la BAD, la croissance du PIB africain devrait atteindre une moyenne de 4% cette année, malgré les défis mondiaux. Les partenariats entre institutions demeurent essentiels pour répondre aux besoins du continent. Les douze prochains mois seront décisifs pour Akinwumi Adesina, dont le mandat à la tête de la BAD se termine bientôt, avec la Côte d’Ivoire à la présidence du conseil des gouverneurs, assistée par la Chine et la République démocratique du Congo (RDC).
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