Busanga : un barrage taillé sur mesure pour les intérêts chinois

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Barrage de Busanga

La RDC pensait tenir un levier pour son industrialisation avec le barrage hydroélectrique de Busanga. Pourtant, un rapport de la coalition « Le Congo n’est pas à vendre » (CNPAV), publié le 29 juillet 2025, vient balayer les illusions. L’étude dévoile un contrat où presque tout penche en faveur des entreprises chinoises, laissant le Congo en spectateur.

À première vue, le montage est désarmant de déséquilibre. Les exonérations fiscales s’accumulent côté chinois, pendant que la tarification de l’électricité reste dérisoire : Sicomines, le client principal, profite d’une remise de 20 %, alors même que les prix régionaux sont déjà faibles. Pour la RDC, la rentabilité s’annonce mince, d’autant plus que les coûts annuels d’exploitation du barrage s’élèvent à près de 16,4 millions de dollars, selon le rapport. Les 240 MW promis servent surtout la Sicomines (opérée par la Chine), qui consomme à elle seule 170 MW.

Les concessions accordées par la RDC interpellent. Terrains et ressources hydrauliques cédés à titre gratuit, exonérations prolongées pour toute la durée de la concession, redevances ignorées sur l’eau et l’électricité : la liste est longue. La part du Congo dans Sicohydro a beau être passée de 25 % à 40 % après renégociation, la valorisation des apports congolais reste floue, tout comme la gestion interne de ces participations.

L’opacité ne s’arrête pas là. Plus de 29 millions de dollars ont été déboursés en jetons de présence et primes de signature pendant les négociations, sans pour autant garantir une meilleure défense des intérêts congolais. Quant au financement, il demeure nébuleux : le projet Busanga est chiffré à plus de 824 millions de dollars, officiellement classés dans les infrastructures, mais les flux financiers entre la RDC et la partie chinoise restent introuvables.

Face à ce panorama, la CNPAV appelle à une refonte des accords. Elle demande un audit indépendant, une réévaluation des apports de chaque partie et une transparence absolue sur la gestion du projet. Un expert du secteur, interrogé par Lepoint.cd, résume : « Tant que la RDC ne redéfinira pas ses priorités dans les partenariats miniers et énergétiques, elle continuera à perdre la main sur ses ressources ».

Busanga n’est qu’un exemple parmi d’autres de la difficulté du Congo à transformer son immense potentiel en bénéfices réels pour sa population. Le débat ne fait que commencer, porté par la société civile et des ONG déterminées à faire bouger les lignes.

— M. KOSI

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