La RDC a reçu un premier versement de 19,47 millions de dollars de la part de la Banque mondiale pour ses efforts de préservation des forêts dans la province du Maï-Ndombe, un territoire clé du bassin du Congo. Cette somme, versée dans le cadre du Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF), récompense une réduction de 3,89 millions de tonnes de CO₂ liée à la lutte contre la déforestation. Ce décaissement constitue le début d’un engagement global pouvant atteindre 55 millions de dollars, à condition que les résultats soient continuellement vérifiés et validés.
Située à l’ouest de la République démocratique du Congo, la province du Maï-Ndombe abrite une partie importante du deuxième massif forestier tropical du monde après l’Amazonie. Longtemps ignoré dans les stratégies climatiques internationales, le bassin du Congo s’impose désormais comme un actif stratégique dans la course mondiale à la réduction des émissions. Pour la Banque mondiale, ce paiement n’est pas une simple aide, mais une reconnaissance concrète de résultats vérifiables sur le terrain.
« Ce programme incarne une voie vers un développement sobre en carbone, respectueux des communautés locales », a déclaré Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la RDC. Une large partie des fonds sera versée aux communautés autochtones et rurales qui protègent activement les forêts. Pour garantir une distribution équitable, un plan de partage des bénéfices a été mis en place, avec une attention particulière portée aux femmes, jeunes et populations vivant en forêt.
Les autorités congolaises saluent cette avancée. Pour la ministre de l’Environnement, ce programme illustre la possibilité de gérer durablement les ressources naturelles tout en générant des retombées économiques locales. La RDC, qui détient près de 60 % des forêts du bassin du Congo, espère ainsi capitaliser sur ces modèles de financement fondés sur les résultats pour diversifier ses sources de revenus et renforcer son poids dans les discussions climatiques internationales.
Cette stratégie forestière, fondée sur une logique incitative, pourrait devenir un levier important de développement si elle s’accompagne de mécanismes de gouvernance rigoureux. Le défi reste entier : assurer la transparence dans la gestion des fonds, veiller à leur répartition équitable et maintenir l’engagement des communautés sur le long terme. Certaines organisations locales appellent à une surveillance indépendante pour éviter les dérives et garantir que les promesses se traduisent en actions concrètes.
La Banque mondiale estime que cette opération pilote pourrait servir d’exemple à d’autres États forestiers de la région. Mais pour Kinshasa, cette reconnaissance internationale ne suffit pas : elle devra s’accompagner d’un ancrage réel des résultats sur le terrain, pour que les populations locales en soient les premières bénéficiaires. La RDC cherche à prouver que la forêt peut devenir une ressource productive sans être détruite, et que la croissance peut s’appuyer sur la préservation plutôt que sur l’exploitation aveugle.
— M. KOSI






