« Chaque fluctuation grève nos marges » : entreprises et ménages face au franc congolais affaibli

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marché des kinshasa

Le franc congolais affiche 2 859,96 contre le dollar cette semaine, une baisse de près de 10 unités depuis le 15 mai selon la Banque centrale du Congo. La monnaie nationale perd du terrain lentement mais régulièrement : -0,34% sur le marché officiel et -0,13% au parallèle où le dollar s’échangeait à 2 867,13 CDF le 23 mai. Depuis janvier, cette érosion atteint 0,51% dans les circuits bancaires, tandis que le marché informel résiste mieux avec seulement 0,01% de recul annuel.

Dans les épiceries de Kinshasa, la hausse reste imperceptible mais réelle. « Un bidon d’huile de palme a pris 200 francs congolais en sept jours« , constate Marcelle, vendeuse au marché de la Liberté. Les importateurs ressentent la pression : « Chaque fluctuation, même minime, grève nos marges sur les médicaments ou pièces détachées« , explique Didier Mbaya, gérant d’une société d’approvisionnement médical.

Les réserves de change offrent toutefois un tampon solide. Bloquer 6,93 milliards de dollars fin mai, la BCC couvre 2,64 mois d’importations – un niveau jugé « critique mais tenable » par la Banque Mondiale qui recommande trois mois pour les économies émergentes. Ce matelas dépasse celui du Ghana (1,8 mois) mais reste sous la moyenne africaine établie à 3,1 mois par le FMI.

La tendance régionale n’épargne personne. Le naira nigérian a plongé de 4% en mai après des interventions ratées de sa banque centrale, rapporte l’agence Ecofin. « Les devises africaines subissent une double peine : demande dollarisée et incertitudes sur les cours du cuivre ou du pétrole« , analyse le chercheur financier Arnaud Yamba dans La Tribune Afrique.

La BCC maintient sa stratégie d’interventions ciblées sur le marché interbancaire, une approche saluée par le Fonds Monétaire International dans son dernier diagnostic d’avril pour « sa contribution à l’étouffement des pics spéculatifs« . Les transferts de la diaspora, en hausse de 8,7% au premier trimestre selon les données bancaires, constituent un autre rempart contre l’envolée du billet vert.

— Peter MOYI

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