Le Forum des Transports organisé par la Banque africaine de développement, qui se tient du 18 au 20 septembre à Abidjan, aborde les défis du secteur des transports en Afrique tout en proposant des pistes de solutions concrètes. Le thème central, « L’Afrique en mouvement – accélérer la connectivité des transports et la logistique durables », vise à exploiter pleinement le potentiel des infrastructures de transport pour favoriser l’intégration économique du continent.
Solomon Quaynor, vice-président de la Banque, a mis l’accent sur l’importance des infrastructures résilientes face au changement climatique. Il a évoqué les avancées réalisées grâce au Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA), qui vise à établir des projets transfrontaliers dans les secteurs de l’énergie, des transports et des technologies de l’information.
Le rôle des transports est crucial pour promouvoir une croissance inclusive et générer des emplois. Selon Frédéric Wiltmann, responsable au Centre de coopération multilatérale pour le développement de la finance, « la connectivité par les infrastructures doit produire la croissance et contribuer à la réduction de la pauvreté ; mais cela passe par des infrastructures abordables, résilientes et durables ». Cette vision est partagée par plusieurs acteurs présents au forum.
Abdoulaye Alliagui, directeur de cabinet adjoint au ministère ivoirien des Transports, a souligné l’importance des transports dans l’économie locale, représentant entre 7 et 10 % du PIB national en Côte d’Ivoire. Il a plaidé pour un accès amélioré aux services de transport durables et compétitifs.
Le secteur souffre cependant de déficits de financement, de capital humain et de technologies numériques. Robert Lisinge, de la Commission économique pour l’Afrique, a mis en lumière l’interdépendance entre le commerce et les transports, tout en évoquant les opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). « Un véritable partenariat est nécessaire pour améliorer la connectivité », a-t-il déclaré.
Sur le sujet du transport ferroviaire, Lubinda Sakanga, de l’Association des chemins de fer d’Afrique australe, a appelé à une transformation des visions traditionnelles des transports ferroviaires. Il a insisté sur la nécessité de relier les pays africains plutôt que de se concentrer uniquement sur l’exportation des matières premières. « Il est essentiel de créer un écosystème ferroviaire avec un plan directeur solide », a-t-il affirmé.
La connectivité aérienne a également été au centre des discussions. Abdérrahmane Berthé, secrétaire général de l’Association des compagnies aériennes africaines, a souligné l’importance de la connectivité pour le commerce et le développement économique. Bien que le continent dispose d’un potentiel immense, son indice de connectivité reste insuffisant par rapport à d’autres régions du monde.
Les voies navigables ne doivent pas être négligées. Paul Adalikwu, de l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a mis en avant le potentiel des grands lacs et rivières pour améliorer la connectivité.
Les panels ont également abordé la nécessité de développer des partenariats solides entre les nations africaines pour tirer le meilleur parti de la ZLECAf. Les défis liés à l’aviation, tels que la taxation et le manque de coopération entre compagnies aériennes, sont des obstacles à surmonter pour renforcer l’interconnexion des infrastructures.
L’avenir du transport en Afrique réside également dans l’utilisation des technologies numériques et de l’intelligence artificielle pour optimiser les systèmes de transport. Plusieurs intervenants ont préconisé l’adoption de systèmes de contrôle des frontières unifiés pour faciliter le commerce intercontinental.
Enfin, la collecte de données fiables est indispensable pour éclairer les décisions stratégiques. Les participants ont convenu que les gouvernements devraient adopter des politiques harmonisées pour le développement des infrastructures, tout en investissant dans la formation et le renforcement des capacités.
Il est impératif que les pays africains collaborent étroitement pour créer un réseau de transport efficace, qui non seulement boostera la croissance économique, mais aussi améliorera les conditions de vie des populations.
— Peter MOYI