Le gouvernement ivoirien a récemment levé le voile sur ses ambitions budgétaires pour l’exercice 2024, dévoilant un projet d’une envergure significative, chiffré à 13 720,7 milliards de Francs CFA, soit une somme avoisinant les 21 milliards d’euros. Cette annonce a créé un véritable émoi dans les cercles économiques du pays, étant donné qu’elle représente une augmentation substantielle de 17,3% par rapport au budget de 2023, qui se situait à 11 694,4 milliards de Francs CFA.
Amadou Coulibaly, le porte-parole du gouvernement, a exposé les tenants et aboutissants de cette initiative majeure lors d’une déclaration à la sortie d’une réunion du conseil des ministres. Il a souligné que cette enveloppe budgétaire monumentale a été élaborée en ayant pour objectif premier de garantir la stabilité des finances publiques. Cette orientation stratégique se justifie pleinement au vu du contexte économique mondial marqué par la persistance des répercussions de la pandémie de Covid-19, ainsi que par les conséquences de la guerre en Ukraine. Ces facteurs ont entraîné une augmentation substantielle du déficit budgétaire, atteignant un pic à 6,8% en 2022, selon les évaluations du Fonds monétaire international (FMI).
Dans un ton résolument pragmatique, Amadou Coulibaly a déclaré : « La politique budgétaire sera orientée vers l’intensification de la mobilisation des recettes intérieures, la gestion efficiente des charges de fonctionnement et la maîtrise de l’endettement public. Ces actions visent à renforcer davantage la transformation structurelle de l’économie tout en garantissant la couverture des besoins sociaux et sécuritaires. »
Un regard attentif doit être porté sur la question de la dette. Ce budget 2024 est le premier à voir le jour depuis la conclusion, en mai dernier, d’un programme triennal avec le FMI. Ce programme octroyait à la Côte d’Ivoire un appui financier d’une valeur de 3,5 milliards de dollars, s’étalant sur une période de 40 mois. Une telle démarche s’est avérée incontournable à la lumière de la hausse des taux d’intérêt observée sur le marché international de la dette, devenu trop coûteux pour le gouvernement ivoirien. Celui-ci, ayant eu recours à l’emprunt pour financer une partie substantielle de ses dépenses budgétaires, s’est vu contraint de préserver la viabilité de sa dette nationale.
Le ratio de la dette publique, qui avait franchi la barre des 50% du produit intérieur brut (PIB) en 2021 (pour être précis, 50,9%), est prévu pour atteindre 57% en 2024, conformément aux dernières estimations publiées par le FMI dans son rapport d’octobre, se penchant sur les perspectives économiques régionales de l’Afrique subsaharienne.
Par Mitterrand Masamuna, Journaliste Économique