Le cuivre a renoué avec des niveaux qui n’avaient pas été observés depuis plusieurs mois, franchissant à Londres la barre symbolique des 10 000 dollars la tonne ce jeudi 3 juillet 2025. Ce mouvement marque une rareté palpable sur le marché du métal rouge, conséquence directe d’une conjonction de facteurs liés à l’offre et à la demande mondiales.
Sur le London Metal Exchange, le prix du cuivre à trois mois a culminé au-dessus de 10 000 dollars avant de se stabiliser légèrement sous cette valeur, autour de 9 995 dollars. Du côté de Shanghai, le contrat le plus actif s’est échangé à 80 840 yuans la tonne, ce qui équivaut à 11 285 dollars, un pic inédit depuis fin mars. Ce regain reflète l’inquiétude des opérateurs sur la capacité des producteurs à répondre à une demande en hausse.
Les États-Unis jouent un rôle déterminant dans cette dynamique. Le pays, premier consommateur mondial, intensifie ses achats alors que le gouvernement envisage d’instaurer de nouveaux droits de douane sur les importations de cuivre. Cette perspective a précipité un afflux massif de cargaisons sur le marché américain, dont les importations ont progressé de 15 % au premier semestre 2025, selon les chiffres officiels. Les négociants cherchent à sécuriser leurs parts avant la mise en place éventuelle de mesures restrictives.
Sur le plan de l’offre, des perturbations majeures affectent la production chilienne, leader mondial du cuivre. Les conflits sociaux et les défis logistiques ont réduit la capacité d’exportation du pays. Le Fonds monétaire international anticipe une contraction de la production chilienne de 3 % en 2025, ce qui pèse sur les disponibilités globales.
L’enjeu du cuivre dépasse le simple cadre des échanges commerciaux. Le métal est un composant essentiel aux technologies propres, notamment pour les infrastructures électriques et les véhicules électriques. Son prix, qui intègre désormais des considérations géopolitiques, influence directement le coût et la faisabilité des transitions énergétiques envisagées à l’échelle planétaire.
La récente flambée illustre la sensibilité des marchés à la fois aux mouvements des pouvoirs publics et aux réalités industrielles. Elle souligne combien la stabilité des approvisionnements reste fragile dans un contexte de rivalités commerciales et de tensions sociales persistantes dans les régions productrices.
— Peter MOYI