De la théorie à la réalité, la dédollarisation demeure un sujet brûlant dans le paysage économique mondial. Alors que de nombreux pays s’efforcent de réduire leur dépendance au dollar américain, passons en revue les nuances de cette tendance et examinons son impact actuel.
La dédollarisation, autrefois considérée comme une hypothèse lointaine, prend lentement pied à l’échelle mondiale. Les banques centrales et les investisseurs cherchent activement à minimiser leur exposition au dollar américain, transformant ainsi une notion autrefois théorique en une réalité économique tangible.
Le processus de dédollarisation vise à rendre le dollar moins crucial dans le contexte du commerce international et des réserves de change. Les pays cherchent des alternatives, conscients des risques liés à une dépendance excessive au dollar. Les BRICS, regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, sont à la pointe de cette initiative. Ils explorent des solutions telles que l’émission de prêts libellés dans des devises autres que le dollar, et à terme, la création potentielle d’une monnaie commune.
Les actions de Moscou et Pékin : des avancées significatives
Moscou et Pékin émergent comme des acteurs clés dans cette quête de dédollarisation. La Russie, avec ses 300 milliards de dollars de réserves de change gelées et l’exclusion de ses banques du système de paiement international Swift suite à l’invasion de l’Ukraine, illustre un engagement concret. Les relations économiques entre l’Inde, la Russie et la Chine se renforcent également, dépassant les frontières du simple commerce de matières premières.
L’Inde et la Chine ont récemment franchi la barre des 100 milliards de dollars d’échanges commerciaux, témoignant d’une coopération économique croissante. La Chine, en particulier, réduit ses positions sur les bons du Trésor américain depuis mi-2017, en réponse à la détérioration des liens sino-américains.
La réalité persistante du dollar
Malgré ces avancées, la réalité demeure : le dollar américain conserve sa prédominance dans les flux de devises, les réserves de change et la détention de dettes gouvernementales. En termes de paiements internationaux, l’euro et le dollar restent largement dominants, reléguant le yuan chinois à une part modeste malgré la puissance économique de la Chine.
Les réserves de change mondiales, dépassant les 12 billions de dollars, sont toujours largement composées de dollars américains. Même si la Chine aspire à jouer un rôle majeur, le yuan chinois n’occupe qu’une infime partie de ces réserves, en raison de son indexation au dollar.
La dette mondiale libellée en USD atteint environ 50 billions de dollars, avec une portion significative émise en dehors des États-Unis. La domination de l’USD dans les swaps de change et les dérivés persiste, témoignant de sa position prééminente dans les transactions financières mondiales.
Perspectives de dédollarisation : lentes avancées sous des influences géopolitiques
Malgré les sanctions contre la Russie, les tensions sino-américaines et d’autres facteurs géopolitiques, la dédollarisation avance lentement. Les concurrents potentiels du dollar doivent surmonter des obstacles considérables pour égaler sa robustesse. Des marchés de capitaux solides, un contexte économique et financier renforcé, une facturation accrue des échanges hors dollar et une utilisation plus importante des devises non américaines dans les réserves de change sont nécessaires.
Bien que le statut du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale montre des signes d’érosion, son rôle dominant dans le commerce international persiste. Les prévisions suggèrent que tout changement significatif sera marginal et évoluera lentement, guidé par des considérations géopolitiques plus que par des impératifs économiques immédiats.
Par la Rédaction