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Comment la RDC exploite son potentiel agricole pour stimuler sa croissance économique

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Avec une superficie quatre fois supérieure à celle de la France, la République démocratique du Congo détient un potentiel agricole capable de subvenir aux besoins d’un quart de la population mondiale. Bénéficiant d’une diversité climatique exceptionnelle, de réserves en eau douce abondantes et d’un potentiel hydro-électrique considérable, le pays possède des atouts indéniables. Toutefois, ces avantages semblent en décalage avec la réalité d’une insécurité alimentaire touchant 27 millions de personnes, et chaque année, des milliards de dollars sont dépensés en importations alimentaires. Comment remédier à cette situation était au cœur des débats lors du Forum AgriBusiness qui s’est tenu à Kinshasa en début octobre.

« Le secteur minier n’est pas éternel, contrairement à notre perspective dans l’agriculture, » a souligné Nicolas Kazadi, ministre des Finances de la RDC. Ce forum a ainsi établi un écosystème englobant l’agriculture, les finances, l’industrie, l’énergie et les infrastructures, avec pour ambition de multiplier les actions en faveur du développement du secteur, un enjeu à la fois économique, social et environnemental.

« Nous n’avons plus de temps pour discuter du potentiel, l’heure est à l’action, » a insisté le ministre, soulignant que relever le défi de l’agriculture repose sur trois piliers : les infrastructures, la gouvernance, et la culture entrepreneuriale locale. « Il est plus que jamais nécessaire de profiter de cette conjoncture favorable dans le secteur minier pour diversifier notre économie, en misant sur notre atout le plus sûr et durable, l’agriculture et l’agro-industrie, » a-t-il ajouté.

Le gouvernement a lancé un programme décennal de réformes visant à promouvoir le développement des investissements privés dans les principales chaînes de valeur agricoles. Cette stratégie vise à renforcer la productivité des exploitants, le capital humain, les infrastructures énergétiques et de transport, ainsi que le cadre de gouvernance. Un cercle vertueux visant à accroître la coopération entre les acteurs économiques nationaux et internationaux.

L’International Finance Corporation (IFC) s’implique également dans cette démarche. « Nous travaillons avec le secteur public et privé, » a expliqué Mary Porter Peschka, directrice régionale pour l’Afrique orientale de l’IFC. « En collaboration avec le gouvernement, nous avons mené des études approfondies sur plusieurs secteurs agricoles clés. Nos investissements, combinés à une politique gouvernementale adéquate, contribueront à faire avancer les choses, » a-t-elle estimé.

La RDC pourrait ainsi augmenter sa production alimentaire pour nourrir ses 100 millions d’habitants et développer ses exportations. Bien que le secteur emploie environ 70% de la population et représente 20% du PIB, le pays enregistre des rendements agricoles faibles, avec 51 millions d’hectares de terre non cultivés sur les 80 millions d’hectares de terres arables disponibles.

L’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI) s’engage à inverser cette tendance. « Nous encourageons les entrepreneurs à acquérir une connaissance approfondie de la loi, à élaborer des business plans solides et à développer des projets viables financièrement, » a expliqué Anthony Nkinzo Kamole, directeur général de l’ANAPI. « Avec les 80 millions d’hectares de terres arables, nous devons réduire efficacement la malnutrition, » a-t-il souligné, concluant, « Nous n’avons plus le choix d’échouer. »

Cette politique volontariste a donné naissance à six sites de cultures vivrières à grande échelle, destinés à la consommation locale et répartis sur l’ensemble du territoire. Un exemple concret se trouve à Kimpese, avec la société Bio Agro-Business, dans la province du Kongo Central, produisant du riz long grain avec une approche agro-industrielle et offrant une formation en milieu rural.

« Nos ingénieurs agronomes aident les paysans locaux à améliorer leurs rendements, » a précisé Bienvenu Bieka, manager chez Bio Agro-Business. « Nous fournissons des semences, mettons des engins à leur disposition pour leurs travaux, et achetons leur production pour assurer leur bien-être, » a-t-il ajouté.

Ces incubateurs favorisent le développement de l’entreprenariat privé local en soutenant de jeunes entrepreneurs sur des parcelles de terre autour des sites de production. Dans un contexte mondial marqué par des crises écologiques et sécuritaires, la République démocratique du Congo place ainsi l’agriculture au cœur de son développement économique.

« Nous devons croire en notre potentiel, y croire véritablement, » a souligné Gracia K. Kabanga, de l’entreprise agricole Terra, lors du forum. « Ces sociétés ont l’ambition, le courage et probablement l’expertise nécessaires. Il est essentiel de nous donner l’opportunité et le cadre pour nous épanouir pleinement. »

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